En campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron l’avait promis : la voie professionnelle, trop peu insérante, allait être réformée. Pour lui permettre de retrouver de son attractivité – et de son efficacité –, le chef de l’Etat avait mis sur la table en mars 2022 la proposition d’augmenter de 50 % la durée des stages en entreprise, s’attirant une vive opposition des enseignants de lycée professionnel.
Cette contestation semble avoir été entendue, puisqu’il n’en est plus question dans les « propositions » présentées le 27 janvier devant la presse par la ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels, Carole Grandjean. Ces pistes de refonte – qui ne sont pas des arbitrages, a insisté la ministre – ont été élaborées par quatre groupes de travail lancés le 21 octobre 2022. Elles doivent encore faire l’objet de rencontres bilatérales avec les organisations syndicales, ainsi que d’une présentation aux chefs d’établissements, avant des arbitrages prévus pour le printemps.
« Nous actons favorablement l’abandon de cette mesure », se félicitait Sigrid Gerardin, secrétaire général du SNUEP-FSU, vendredi dans la foulée des annonces. Son syndicat, ainsi que la CGT et le SNETAA-FO – majoritaire chez les professeurs du lycée professionnel – n’ont pas participé aux groupes de travail et n’ont jamais caché leur hostilité à ce projet : une grève organisée le 18 octobre, à quelques jours du lancement des concertations, a été fortement suivie dans les lycées concernés.
« Tout ça pour ça ! »
L’UNSA, qui portait également le refus de l’allongement de la durée des stages mais qui a participé aux tables rondes, a lui aussi salué l’abandon de cette idée. « Si cela se confirme, ça prouvera qu’on nous a vraiment écoutés », avance prudemment Jérôme Fournier, qui représentait le SE-UNSA dans la concertation.
Devant les journalistes, Carole Grandjean a en effet assumé « l’absence de consensus » sur ce projet. « Les élèves d’aujourd’hui sont plus jeunes », a reconnu la ministre, et ont besoin de « construire » au sein du lycée les « conditions » pour des périodes de stage réussies. « Tout ça pour ça !, s’agace Pascal Vivier, du SNETAA-FO. Cette proposition n’a jamais convaincu personne : ni les entreprises, qui n’ont pas le temps de s’occuper de stagiaires trop jeunes, ni les parents, qui n’ont jamais cru que ça aiderait leurs enfants à s’insérer, ni les jeunes, qui s’emmerdent dans des stages fourre-tout. »
En lieu et place de cet allongement des stages, la ministre retient des groupes de travail la proposition de « moduler » les semaines passées en entreprise différemment dans le cursus – avec l’idée de moins charger le début du parcours et de faire plus de stages à l’approche du diplôme. Sur ce point, elle a déclaré avoir entendu les différents acteurs, qui ont fait remonter l’extrême variété des profils des élèves de la voie professionnelle. « Certains ont besoin de temps d’accompagnement sur les codes de l’entreprise, le comportement, la préparation d’un CV », a reconnu Carole Grandjean.
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