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Sylvie Baïpo-Témon, MAE de Centrafrique : « C’est le développement qui permet d’asseoir la paix ! Pas l’inverse… »

26 juillet 2021
Sylvie Baïpo-Témon, MAE de Centrafrique : « C'est le développement qui permet d'asseoir la paix ! Pas l'inverse… »
La France dénonçant une certaine complaisance de la Centrafrique vis-à-vis de l’activisme russe sur place, ostensiblement anti-français, les relations entre les deux pays se sont dégradées… Cela n’empêche pas les officiels de la RCA de faire le voyage de Paris. Dernière visite en date, le jeudi 22 juillet, celle de Sylvie Baïpo-Témon, MAE de la RCA.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse

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Il convient tout d’abord de saluer le franc-parler de la ministre des Affaires étrangères et des Centrafricains de l’extérieur qui, dans son exposé liminaire de quelque 23 minutes devant les invités du Club PPP MedAfrique, n’a pas cherché à minorer l’état d’instabilité encore profonde que traverse son pays.

Développant une approche centrée sur la réalité des faits, Sylvie Baïpo-Témon a tenu à éclairer les causes profondes et anciennes de cette instabilité. En effet, depuis son accession à l’indépendance (1960), la Centrafrique n’aura connu à ce jour que trois alternances par voie de processus constitutionnel, tandis que plusieurs fois les changements au sommet de l’État ont été accomplis par des coups de force perpétrés par des groupes armés, et dans un esprit de « prédation ».

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Un grand potentiel entravé

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Ainsi, a-t-elle relevé, ce vaste pays de 623 000 km2 pour à peine quelque 5 millions d’habitants, a encore bien de la peine à valoriser ses nombreuses richesses minières (or, diamants…), pétrolières, agricoles et forestières – le bois centrafricain est recherché dans le monde entier pour sa qualité – dont l’essor est aussi entravé par la faiblesse des infrastructures, notamment routières.

Mais la ministre – nommée en 2018 et récemment reconduite à son poste –, qui a notamment participé aux pourparlers préalables à l’établissement des accords de paix du 6 février 2019, signés par le gouvernement avec 14 (!) groupes armés, a acquis de cette expérience déjà notable une conviction forte : « C’est le développement qui permet d’asseoir la paix ! Pas l’inverse… ».

Ce développement de la Centrafrique, elle le voit essentiellement fondé sur l’essor de l’agriculture, tant il est vrai que la richesse des sols (150 000 km2 cultivables) et le climat autorisent des productions abondantes – la RCA pourrait être le grenier de l’Afrique, affirment certains experts – et très diverses : manioc, bananes, maïs, café, coton, tabac… à quoi il faut encore ajouter l’exploitation des essences tropicales très prisées de la forêt centrafricaine.

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« Nous sommes ouverts à la coopération en PPP »

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Mais rien de tout cela ne saurait être valorisé et concourir au développement sans la contribution d’investissements structurants, et aussi des transferts de savoir-faire :
« La RCA est prête à travailler avec des investisseurs français ! Nous avons la conviction que l’entrepreneuriat est source de richesse, nous sommes ouverts à la coopération en PPP. Nous avons aussi besoin d’expertise pour accompagner un développement inclusif », a déclaré Sylvie Baïpo-Témon, rappelant aussi au passage que la France et la République Centrafricaine ont des intérêts communs… et que dans ce contexte l’engagement d’investisseurs français en RCA aiderait aussi à plaider auprès des autorités françaises pour une nécessaire reconsidération des processus de coopération, ainsi que d’un partenariat à renforcer, notamment via les PPP, a-t-elle dit en substance.

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« Faire savoir qu’il y a un changement » en RCA

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Encore faudrait-il rétablir au mieux et rapidement l’image de cette RCA, mise à mal par les exagérations de certains médias, a considéré la ministre. Pour cela, pour donner à voir un pays plus attractif, elle entend développer les prises de contact et rencontres en petit comité – comme la visite au Club PPP MedAfrique – pour « faire savoir qu’il y a un changement » en RCA, avant d’envisager des rencontres ultérieures à plus grande échelle, par exemple un premier grand forum international dédié au secteur agricole de la RCA, et donc pas seulement à Bangui mais aussi avec des visites du « magnifique » arrière-pays, car « sur place notre propos gagnera en crédibilité » – une idée de grand événement qu’elle proposera au gouvernement et aux ministres concernés, car une telle action ne relève pas de son champ de compétences, prend-elle le soin de préciser.

Il faut donc dans un premier temps tenir « un discours qui rétablisse la réalité des faits », souligne-t-elle à nouveau, et échanger avec les investisseurs afin de concrétiser la volonté de la RCA de « consolider la paix par le développement ».

Vis-à-vis cette fois des grandes institutions de financement (BAD, BM, BEI…), la ministre émet le vœu que puissent se mettre en place d’autres « mécanismes »… qu’elle illustre symboliquement en évoquant les visites sur le terrain à faire avant les discussions dans les « salles climatisées »…

Histoire de donner à « palper » les réalités de la vraie vie en Afrique.
Une manière aussi, peut-être, de suggérer que les hauts fonctionnaires internationaux qui concoctent des plans « hors sol », perchés dans leurs tours, bruxelloises et autres, feraient bien de prendre l’ascenseur pour redescendre au niveau des réalités vécues par les populations ?

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