Retrouvez AfricaPresse.paris sur :
RSS

Outils

CMAAP 8 / Læticia BALOU, Présidente LB Global-Consulting : « L’investisseur qui dispose d’un maximum d’informations positive plus sa perception du risque en Afrique »

22 avril 2023
CMAAP 8 / Læticia BALOU, Présidente LB Global-Consulting : « L'investisseur qui dispose d'un maximum d'informations positive plus sa perception du risque en Afrique »
Comment les porteurs de projets d’entreprises peuvent-ils eux aussi, à leur niveau concret de terrain, contribuer à « dé-risquer » l’Afrique ? Témoignage sur deux cas réels, par Læticia Balou, Dirigeante de LB Global-Consulting, cabinets spécialisés dans l’accompagnement stratégique et financier des entreprises en Afrique.

.

par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse

.

« Du point de vue de l’investisseur, l’élément le plus important, c’est d’abord la disponibilité et la qualité de l’information. Et c’est particulièrement vrai au regard de l’Afrique, où l’opacité de l’information est fréquente » relève d’emblée Læticia Balou, panéliste à la VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris, organisée par AfricaPresse.Paris le 12 avril dernier à l’Académie des Sciences d’outre-mer.

Désamorcer cette méfiance latente de manière à rassurer les investisseurs potentiels est une première étape, considère la présidente de LB Global-Consulting. « Il ne s’agit certes pas de maquiller l’information ! Bien au contraire, nous mettons en évidence les différents risques encourus par l’entreprise, et nous présentons aussi les stratégies pour mitiger ces risques. » Une méthode très concrète dont Læticia Balou présente un aperçu en rapportant les exemples de deux projets d’entreprise qu’elle a accompagnés, l’un dans le secteur de la volaille, l’autre dans la production d’électroménager.

« La première chose que nous faisons, c’est d’identifier les défis du secteur. Dans le premier cas, il y avait deux défis, majeurs : une organisation insuffisante des acteurs de la chaîne de valeur ; le coût très élevé de l’alimentation. Pour relever ce type de défi, nous avons proposé à l’entreprise d’intégrer à son projet toutes les étapes de la chaîne de valeur. C’est à dire produire les aliments pour nourrir les volailles, les élever, assurer la transformation jusqu’à la commercialisation. »

Au premier rang, LL EE les Ambassadeurs, attentifs durant l’exposé de Læticia Balou… © F. Reglain

.

Phasage du lancement et
segmentation de l’investissement

.

Dans le projet initial, explique encore Læticia Balou, cette entreprise avait prévu sept activités contributrices à la chaîne de valeur, depuis l’élevage jusqu’à la distribution. Et cela représentait un défi énorme de vouloir les opérationnaliser en même temps. Aussi, la recommandation a été d’organiser ces différentes activités en divisions spécialisées, et de les lancer progressivement.

Le phasage du lancement des diverses activités présentait de plus un autre avantage, très important : diminuer la perception du risque financier. Car l’investissement recherché par cette entreprise, 300 millions d’euros, était très élevé, et a priori une telle somme fait peur aux investisseurs. Cette appréhension fut largement levée par le phasage d’un lancement successif des activités, avec une première levée de fonds de 30 millions d’euros, une seconde de 50 millions avec un cahier de charges bien défini, la finalisation opérationnelle de chaque phase étant un préalable à l’amorce de l’étape suivante.

« C’est plutôt rassurant pour les investisseurs, relève Læticia Balou, avant d’ajouter : le dernier risque, souvent le plus important, est celui de l’opérationnel. L’équipe dirigeante et fondatrice de ce projet n’avait pas toutes les compétences requises pour assumer l’ensemble des activités. Nous avons donc non seulement mis en place le processus de recrutement, mais aussi des partenariats stratégiques, notamment pour permettre un transfert de compétences depuis des entreprises françaises, ce qui a mitigé les risques sur l’ensemble des services.

Au final, « le document présenté aux investisseurs doit être clair et précis, car souvent ils font une contre-analyse des études présentées par les entreprises », souligne Læticia Balou.

.

Gare au risque
de dépendance !

.

Le deuxième cas évoqué par la dirigeante de LB Global-Consulting était la création d’une usine de fabrication de produits électroménagers – réfrigérateurs, climatiseurs, congélateurs… – dans une région ne disposant d’aucune usine de ce type, alors que le besoin va grandissant avec la croissance de la population. La particularité du projet tenait à ce que ses promoteurs avaient noué un partenariat stratégique avec un unique constructeur chinois. Avec donc un risque de dépendance totale à ce partenaire stratégique, celui-ci devant à lui seul fournir les matières premières et assurer la fabrication des produits électroménagers.
Pour minorer ce risque, deux actions ont été conduites : lier les deux structures par une obligation de transfert de compétences en formant les personnes localement ; engager d’autres partenariats stratégiques afin de disposer d’un recours au cas où le partenaire principal ferait défaut de quelque manière que ce soit.

Une vue de la salle de conférences de l’Académie des Sciences d’outre-mer durant l’intervention de Læticia BALOU, le 12 avril 2023. © F. Reglain

.

Le deuxième risque significatif constaté dans ce projet tenait à une estimation de revenus trop optimiste… chose qui rend l’investisseur très méfiant ! Une contre-analyse de validation des données est donc nécessaire dans ces cas-là. Un autre pont faible tenait à la stagnation des résultats à partir du moment où l’entreprise parvenait à sa capacité maximale de production. La solution a consisté en la mise en place de services permettant de se différencier des autres fournisseurs sur le marché, avec non seulement un SAV de qualité mais également des conditions de vente alléchantes.
Comment faire mieux ?

Parmi les risques commerciaux, justement, rapporte Læticia Balou, il y avait aussi la forte concurrence de la brocante, des produits du marché de l’occasion, à un prix a priori plutôt raisonnable. Mais le fait d’importer des matières premières dans le pays coûte deux fois, voire trois fois moins qu’importer des produits finis ou de seconde main. Ce delta permettait justement d’avoir des produits neufs à un prix défiant toute concurrence. « Nous avons donc initié les discussions avec les autorités compétentes pour demander soit de surtaxer les produits de seconde main, soit de les interdire complètement. C’est toujours en discussion, sachant que les autorités nous ont demandé de prouver qu’on pouvait satisfaire le besoin », raconte la dirigeante.

Concernant enfin le risque politique, c’est-à-dire une situation où les activités économiques du pays sont à l’arrêt ou fortement entravées, la préconisation de LB Global-Consulting est d’anticiper cette hypothèse en se déployant sur le marché extérieur, à commencer par les pays voisins.
Alors, tous ces paramètres étant considérés, comment les porteurs de projets entrepreneuriaux peuvent-ils faire mieux pour minorer la perception du risque ?

« C’est par l’amélioration de leur gestion, de leur organisation, par la planification stratégique des objectifs que chaque entreprise ou projet d’entreprise peut minorer son exposition à une perception excessive du risque, faites vous accompagner au besoin », considère Læticia Balou.
« Cela en vaut la peine, car il y a toute une panoplie de fonds d’investissement intéressés par l’Afrique. Et n’oublions pas : l’investisseur qui dispose d’un maximum d’informations est beaucoup plus rassuré, et d’une certaine manière plus enclin à relativiser et positiver sa perception du risque », conclut-elle.

◊ ◊ ◊

Les personnalités du panel et quelques autres ayant participé à notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (de gauche à droite sur le photo) : S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’ÉGYPTE ; M. Alfred MIGNOT, Président AfricaPresse.Paris, concepteur et modérateur des CMAAP ; S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA ; Mme Lucia PETRY, Présidente de BPL Global France ; M. É tienne GIROS, Président du Cian ; Mme Læticia BALOU, Présidente de LB Global Consulting S. E. M. Ayed Mousseid YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI ; M. Zied LOUKIL, Associé Mazars France ; S. E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE ; M. Emmanuel PEZÉ, Vice-Président Afrique et Moyen Orient de TINUBU. © F. Reglain

.

◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊
◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊

.

RETROUVEZ ICI LE REPLAY de notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CMAAP 8) du 12 avril 2023

.

TOUS NOS ARTICLES SUR LA CMAAP 8

CMAAP 8 / S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’Égypte : « Notre gouvernement veut désormais donner la priorité au secteur privé »

CMAAP 8 / S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA : « Pays des mille collines, le Rwanda est aussi devenu le pays des mille opportunités »

CMAAP 8 / Zied LOUKIL, Associé MAZARS France : « L’Afrique doit se donner plus de moyens pour financer ses PME »

CMAAP 8 / Lucia PETRY, Présidente BPL Global France : « En Afrique comme dans le reste du monde, on trouve toujours des solutions pour sécuriser les contrats internationaux face aux risques politiques »

CMAAP 8 / Emmanuel PEZÉ, VP TINUBU : « L’assurance-crédit est un pilier fondamental à la confiance et à l’essor des PME africaines »

CMAAP 8 / Læticia BALOU, PR de LB Global-Consulting : « L’investisseur disposant d’un maximum d’informations positive sa perception du risque en Afrique »

CMAAP 8 / REPLAY de notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris : « Dé-risquer l’Afrique pour mieux la financer »

◊ ◊ ◊

Articles récents recommandés