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Recul du trait de côte Que faire quand la mer grignote notre littoral ?

Plage du Platin à Aytré.

L’érosion est un phénomène naturel, mais avec le changement climatique, elle s’accélère. Aujourd’hui, en France, c’est près du quart du trait de côte qui est en recul. Et on estime déjà la perte de surface à 30 km2 entre 1960 et 2010.

Si toutes les régions côtières sont impactées, certaines le sont plus que d’autres. La Charente-Maritime est, avec le département des Bouches-du-Rhône, la zone la plus touchée, avec 55 % de son trait de côte en recul. Le couplage des risques d’érosion et de submersion marine la rend particulièrement vulnérable.

Pour limiter le recul du trait de côte, plusieurs solutions, évolutives dans le temps, peuvent être combinées. C’est l’option qu’a retenue la commune d’Aytré, au sud de la Rochelle : trois types de mesures ont été prises pour préserver la grande plage de sable du Platin (1,7 km de long !) et son cordon dunaire. Il faut dire que la plage, grignotée par la mer, a déjà perdu 37 mètres depuis les années 1950, et que la tempête Xynthia de 2010 a durement frappé le site.

« Le changement climatique a pour effet d’entraîner une modification extrêmement rapide des conditions de vie à la fois des espèces animales et végétales, mais aussi des hommes ».

Virginie Duvat, professeure de géographie à l’université de La Rochelle, chercheuse au laboratoire LIENSs et co-autrice du 6e rapport du GIEC.

Défense lourde. Le cordon littoral de la baie d’Aytré a été rehaussé et renforcé par la mise en place d’épis et de cordons d’enrochement, surmontés d’un mur anti-submersion en béton armé. Ces ouvrages lourds contribuent non seulement à contenir les risques côtiers, mais aussi à maintenir le trait de côte.

Réensablement et végétalisation. Les petites dunes qui bordent la plage du Platin ont été renforcées par 15 000 m3 de sable. Elles ont aussi été revégétalisées. L’idée est de restaurer l’écosystème dunaire et de l’aider à remplir son rôle de « piège à sable » naturel. De plus, les co-bénéfices en faveur de la biodiversité sont importants.

Régulation des accès à la plage. Afin de faciliter la cicatrisation de la zone dunaire, les sentiers d’accès à la plage sont condamnés pendant la période hivernale. Et des panneaux incitent le public à respecter le milieu.

Un peu plus au nord, la plage de galets du Roux est elle aussi confrontée au problème de l’érosion marine. Ici, c’est la falaise qui se creuse : des cavités se forment juste sous le sentier du littoral et les éboulements sont de plus en plus fréquents.

Érosion marine le long de la falaise de la plage de Roux à Aytré.
« Sur la plage de Roux, on voit bien l’érosion de la falaise avec les éboulements et le sentier littoral qui commence à être mangé par cette érosion […]. Un peu plus loin, c’est toute la plage principale d’Aytré qui a été submergée en 2010 au moment de Xynhtia. »

Pierre Cuchet, adjoint au maire d’Aytré en charge de l’aménagement du territoire, de l’écologie et de l’urbanisme.

La ville d’Aytré a déjà installé des panneaux le long du chemin pour alerter les promeneurs sur le risque d’effondrement de la falaise. Elle a également décidé de déplacer le sentier en le faisant reculer de plusieurs mètres à l’intérieur des terres.

« La loi climat et résilience a permis d’élaborer tout un ensemble d’outils, à la fois pour favoriser une gestion prudente de l’habitat tel qu’il est aujourd’hui, mais également pour commencer à travailler sur les relocalisations d’habitats ou d’activités. »

Alain Priol, directeur départemental des territoires et de la mer de Charente-Maritime.

En parallèle, la mairie porte un projet de parc naturel, en partenariat avec le Conservatoire du littoral, la communauté d’agglomération de La Rochelle, le conseil départemental de Charente maritime et la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). Un droit de préemption a été instauré sur la pointe de Roux et ses marais afin de permettre le rachat, au coup par coup, des parcelles encore détenues par des propriétaires privés. Cet ambitieux projet doit permettre, à terme, de renaturer l’espace littoral et de limiter l’impact des activités humaines sur le recul du trait de côte.

Zone marécageuse à proximité de la plage de Roux.
  • Texte : Anne Baron
  • Photos : Damien Carles