AfricaPresse.Paris

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Entretien exclusif par Bruno FANUCCHI
pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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En quelle manière Emerging Valley est-il devenu pour vous, comme pour les start up africaines, un rendez-vous incontournable ?

Laure-Agnès Caradec – Le lien naturel de l’Europe avec l’Afrique est une évidence pour beaucoup, et notamment pour le Sud de l’Europe, pour Marseille et pour sa Métropole. D’autant plus que l’on annonce une croissance à deux chiffres pour le Continent. Se réalisera-t-elle ou pas ? Un potentiel phénoménal de développement de l’Afrique sera en tout cas libéré, et cet événement Emerging Valley témoigne déjà du foisonnement d’innovations issues du grand continent africain.

Quels sont les atouts de Marseille pour prétendre à ce statut de hub Europe-Afrique ?

Laure-Agnès Caradec – D’abord, grâce à notre port, premier en France et deuxième en Méditerranée, nous assurons et assumons ce rôle de hub entre l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique, ainsi que grâce à notre aéroport, le mieux connecté sur l’ensemble de la Méditerranée, ainsi qu’au quartier Euroméditerranée, plus vaste quartier d’affaires en Europe du Sud et en Méditerranée.

Aussi, nous bénéficions, ici à Marseille, de quatorze câbles sous-marins qui nous relient à l’Afrique et à l’Asie, et qui nous placent au 9^e rang mondial de la circulation de la Data. Trois câbles supplémentaires seront installés d’ici à la fin de l’année 2021. Nous passerons ainsi à la 4^e place mondiale de la transmission de la Data, devant Singapour. Depuis Marseille, nous avons d’ores et déjà 4,5 milliards de connexions.
Nous avons donc toutes les cartes en main pour faire de notre Métropole le hub de l’innovation et du digital entre l’Europe et l’Afrique.

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« Nous avons beaucoup
à apprendre de l’Afrique »

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Pourquoi cette passion pour l’Afrique ?

Laure-Agnès Caradec – Parce que nous avons bien des similitudes avec l’Afrique, notamment au regard des problématiques de la ville durable méditerranéenne, et des processus à développer… Par exemple : nous avons ici deux boucles de thalassothermie qui puisent l’eau de mer à une température constante de 14° C qui, l’été, rafraîchit les logements et bureaux et qui, l’hiver, les réchauffe. Ces boucles vont être reliées à un million de mètres carrés construits, auxquels elles fournissent une énergie décarbonée.

Cette technologie peut être reproductible à l’échelle du bassin méditerrannéen, sans aucun problème. L’objectif, c’est que ce que nous développons ici puisse servir également à l’Afrique, et que ce qui est développé en Afrique – où il existe un foisonnement de start up et une jeunesse urbaine très active et connectée, avec des cités à l’innovation très performante –, nous soit utile en retour.

Dans la mesure où nous avons des problématiques communes, on peut aussi leur offrir, ici en France, des possibilités de développement de leurs process. Et l’on peut transformer bien des choses pour faire face, par exemple, à la Covid : dans cette crise sanitaire mondiale, tout ce qui a pu être développé en Afrique peut nous servir de leçon en France, où la filière santé est pourtant importante et notamment ici à Marseille. Nous avons beaucoup à apprendre de l’Afrique.

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Med’Innovant Africa, un concours
pour valoriser les start up africaines

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L’EPA Euroméditerranée est l’organisateur du concours annuel Med’Innovant Africa, réservé aux start up africaines En quoi consiste-il ?

Laure-Agnès Caradec – Depuis plusieurs années, nous avions monté le concours Med’Innovant pour mettre le pied à l’étrier à des start up ayant un lien avec la fabrique de la ville, puisque le statut de l’EPA Euroméditerranée, opération d’intérêt national, nous donne droit à l’expérimentation, c’est-à-dire que l’on peut expérimenter des process qui aujourd’hui ne sont pas normés ou industrialisés.

Depuis l’an dernier, nous avons ouvert ce concours – qui s’appelle désormais Med’Innovant Africa – afin de permettre à ces start up africaines de venir ici, d’être reconnues grâce ce concours et pouvoir ainsi trouver plus facilememnt des débouchés économiques.

Ayant observé la mobilisation incroyable de la Tech africaine dans la lutte contre la Covid-19, et pour contribuer à la réponse collective, l’EPA Euroméditerranée a souhaité cette année axer ce concours sur la résilience territoriale. Nous avons reçu 180 dossiers, sélectionné cinq finalistes, qui sont des start up inspirantes et talentueuses, et choisi deux lauréats qui vous seront dévoilés et présentés ce jeudi en direct de #Emerging Valley.

Comment imaginez-vous l’après-Covid ?

Laure-Agnès Caradec – On s’aperçoit, en effet, que les confinements successifs depuis un an ont bouleversé nos vies, changé nos habitudes de travail : la visio par exemple s’est développée avec le télétravail, mais pour cela il faut aussi de l’Internet haut débit, et nous sommes à ce sujet très bien placés à Marseille. Tout cela aura un impact fort sur un quartier d’affaires tel qu’EuroMed – où nous avons la chance d’avoir un taux de vacances de bureaux très faible.

Mais à Paris, l’impact de la crise de la Covid sur le marché immobilier très fort… Cela dit, on s’aperçoit que le télétravail à la maison n’est pas vraiment une solution, il s’avère assez peu compatible avec la vie de famille. En revanche, des solutions hybrides, qui misent beaucoup sur les espaces de coworking, peuvent émerger. La ville de demain et le travail post-Covid, c’est l’un des sujets sur lesquels planche l’Agence d’urbanisme, que je préside. Car l’innovation est inscrite dans l’ADN d’EuroMed, tout comme dans celle d’Emerging Valley !

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