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Valérie Ka, cofondatrice de Share Africa : « Nous allons montrer à Paris la créativité et les réussites de la jeunesse africaine »

24 mai 2021
Valérie Ka, cofondatrice de Share Africa : « Nous allons montrer à Paris la créativité et les réussites de la jeunesse africaine »
Top model franco-ivoirienne ayant défilé pour les plus grands stylistes, Valérie Ka est devenue une véritable femme d’affaires. Co-fondatrice de Share Africa, elle organise début juillet à Paris son premier Forum pour mettre à l’honneur la créativité, l’innovation et la mode africaines. Un événement afro-parisien dont elle nous parle en exclusivité.

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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Le Forum Share Africa, dont vous êtes l’initiatrice, va tenir sa première édition début juillet à Paris. Quel est l’objectif de cette manifestation panafricaine originale ?

Valérie Ka – Ce Forum se tiendra les 2 et 3 juillet prochain à Paris, à la Maison de la Radio, sous le haut patronage du Président Emmanuel Macron. Bien plus qu’un forum classique, ce sera une agora rassemblant en différents volets des jeunes qui ont des projets ou ont pris des initiatives en Afrique. Avec pour but de mettre en avant et à l’honneur la créativité, l’innovation et la réussite de toute une nouvelle génération africaine.
Durant ce Forum, il y aura plusieurs thématiques concernant l’environnement, la créativité, la tech, la mode et nous avons lancé plusieurs appels à candidatures dans le but d’inviter les meilleurs d’entre eux à Paris pour se faire connaître et présenter leurs idées originales.

Voulez-vous préciser les différentes composantes de ce grand Forum Share ?

Valérie Ka – Tout va se dérouler en trois grands volets bien distincts :
1/ Le « Hakaton » concerne plutôt les étudiants qui vont présenter leurs projets en fonction des thèmes retenus en amont sur notre site internet (www.shareafrica.live) et plusieurs universitaires de renom ont été contactés pour en sélectionner cinq qui seront invités à Paris pour venir exposer et défendre leurs projets.

2/ La « Machine à rêves » concerne quant à elle les jeunes qui ont déjà de beaux projets en Afrique, mais manquent cruellement de financement et d’accompagnement. Ils sont également bien souvent demandeurs de conseils et on va également en présélectionner cinq pour les faire venir à Paris participer à l’événement.

3/ L’« Africa Fashion Up » s’adresse aux jeunes créateurs et stylistes africains de 18 à 40 ans, dont les cinq meilleurs seront invités de la même façon à venir présenter leurs collections originales à Paris, une capitale reconnue de la mode. Ils peuvent encore s’inscrire jusqu’au 26 mai.

À ce jour, nous avons déjà reçu de nombreuses candidatures : environ 70 pour le « Hakaton », plus de 50 pour la « Machine à rêves » et une bonne trentaine pour le défilé de mode, dont nous avons lancé – il est vrai - l’appel à candidature plus récemment.

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« J’ai participé deux fois au Forum
économique de Davos. C’était génial ! »

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Quel a été le déclic de cette idée originale ?

Valérie Ka – J’ai eu la chance de parcourir bien des pays et de participer déjà à plusieurs forums internationaux réputés, comme le Forum économique de Davos à deux reprises. À Davos, ce qui m’a le plus marquée, c’est que l’on pouvait accéder en toute liberté aux « grands de ce monde » comme aux décideurs économiques présents. Durant le Forum, on pouvait rencontrer et parler à n’importe qui, quelle que soit sa fonction ou son rang.

J’ai trouvé cela génial. Et je me suis dit : pourquoi ne pas refaire cela pour un Forum africain avec des jeunes qui ont déjà lancé des projets chez eux en Afrique et des Africains des diasporas présentes ici qui ont aussi des idées pour le Continent, dans des domaines aussi différents que la mode, le numérique ou l’environnement ?

D’où votre idée de créer Share Africa…

Valérie Ka – Oui, mon idée, c’est de pouvoir mettre face à face les gens du pouvoir, les décideurs et principaux opérateurs économiques d’une part et des étudiants, des artistes, de jeunes créateurs, d’autre part, et qu’ils puissent se retrouver tous ensemble dans un même lieu, se mélanger et confronter leurs expériences et points de vue.
Un Président ou un ministre a lui aussi besoin de s’habiller et peut aimer la musique ou la peinture. Et ces responsables politiques comme les gens des milieux plus aisés doivent aussi connaître les talents et réussites de leurs jeunes compatriotes et ne pas les découvrir uniquement à la télé !

Et les créateurs aussi ont besoin de ces contacts directs avec ces dirigeants pour découvrir leurs besoins, leurs goûts, leurs attentes. Et, en retour, ces jeunes créateurs, étudiants ou entrepreneurs, peuvent leur faire comprendre et toucher du doigt toutes les difficultés auxquelles ils sont quotidiennement confrontés dans leur pays. D’autant plus qu’en Afrique, on ne se mélange pas selon les différents milieux sociaux et ethnies.

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« La culture et la mode peuvent être
une vitrine d’excellence pour nos pays »

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La culture ne-fait-elle pas parfois figure de parent pauvre dans certains pays africains ?

Valérie Ka – C’est parfaitement exact. La Culture avec une majuscule, c’est le parent pauvre en Afrique. Souvent quand on parle de « culture » entre guillemets, comme par exemple dans le milieu de la mode, on croit y retrouver tous ceux qui n’ont pas réussi leurs études. Les jeunes qui n’ont pas de diplômes deviennent parfois coiffeur ou couturier pour se former et s’occuper alors que ce sont de vrais métiers.

Et, même si cela commence à changer chez les anglophones, nos gouvernements africains n’ont pas encore réalisé que la culture, dont la mode est un des fleurons, est une vraie opportunité : elle peut apporter énormément au pays et lui donner sur la scène régionale ou internationale une vitrine d’excellence !

Il convient juste de les accompagner et de mettre des structures en place pour que ces jeunes-là, qui ont souvent plein de talents et d’idées ingénieuses en tête, puissent faire dans ce secteur un vrai métier reconnu, valorisant et rémunérateur, comme c’est le cas en Europe ou en Amérique.

Et ce grand rendez-vous de Paris se prépare aussi en digital ?

Valérie Ka – En amont du Forum, nous avons en effet organisé depuis le mois de mars plusieurs soirées de l’innovation qui ont eu un grand succès. Des webinaires animés par Aïda Touihri, journaliste et productrice, avec des écrivains, des artistes, des personnalités du cinéma, de la musique ou du numérique et, bien sûr, de la mode. Comme Vanessa Moungar de la BAD, Khaled Ben Jilani Senior Partner cher AfricInvest, Mohamed Zoghlami, cofondateur f’Afric Up et Africa in colors, ou le styliste Imane Ayissi. Et cela va continuer jusqu’à la mi-juin. C’est une façon de préparer notre public et de créer ainsi une communauté qui nous suit avec régularité.

Vous préparez aussi à Paris un défilé de clôture avec quelques « guest stars »...

Valérie Ka – Un défilé de ce style en ce moment, c’est devenu tellement rare que cela constituera à coup sûr un événement. Être invité et défiler à Paris, l’une des principales capitales de la mode avec Londres ou Milan, c’est bien sûr magique pour tous les créateurs africains, qu’ils soient de jeunes stylistes encore méconnus ou des créateurs de renom déjà reconnus comme le Camerounais Imane Ayissi, le Malgache Eric Raisina et bien d’autres... Ils participeront à notre défilé de clôture et nous vous réservons encore quelques bonnes surprises.

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« Découverte par Alphadi,
j’ai défilé pour les plus grands »

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Share Africa est aussi une étape marqante de votre parcours de femme d’affaires…

Valérie Ka – J’ai fondé Share Africa depuis deux ans dans l’optique de participer à la Saison Africa 2020 organisée par N’Goné Fall. Mais il y a eu plusieurs confinements et nous avons donc dû mettre tout en pause pendant plusieurs mois. Puis nous avons tout repris petit à petit pour préparer un véritable événement qui doit constituer aussi une grande première : le premier défilé de mode africaine contemporaine à Paris. C’est un beau challenge.

Personnellement, j’ai lancé ma propre marque de prêt-à-porter, dont le slogan est « Je suis une Ka », lorsque j’étais à Hong Kong, où j’ai vécu trois ans de 2015 à 2018 et créé le groupe des Jeunes créateurs hongkongais. Comme j’étais mannequin à l’époque, je travaillais en parallèle pour plusieurs marques de luxe européennes, suisses et anglaises, puis je suis devenue aussi une femme d’affaires.

À mon retour à Paris, je me suis dis qu’il fallait vraiment faire un événement qui mettrait en avant la créativité africaine, mais pas seulement dans la mode. Car je me suis aperçue qu’on n’avait pas toujours une image positive ou glamour de l’Afrique. J’ai eu envie de changer l’image de l’Afrique et de montrer surtout les réussites actuelles de la jeunesse africaine.

L’Afrique n’est-elle pas devenue très « tendance » ?

Valérie Ka – C’est vrai, l’Afrique est devenue très tendance avec des grandes marques comme Dior, Balmain ou Lacroix qui s’intéressent beaucoup à la création africaine, Louis Vuitton et LVMH qui lancent des concours remportés par des Africains. Sans parler des stars américaines comme Beyoncé qui s’habillent chez des couturiers africains. Ça bouge !

C’est ce qui m’a encouragé car tous ces créateurs d’Afrique n’ont bien souvent pas la structure ou les moyens pour percer sur le marché international, alors qu’ils habillent parfois déjà des célébrités. Il est donc nécessaire de les soutenir pour qu’ils soient un peu plus professionnels dans leur façon de travailler, qu’ils aient les codes et les moyens de présenter et de produire de nouvelles collections.

Qui sont les sponsors de votre événement parisien ?

Valérie Ka – Nous avons heureusement quelques grandes marques qui nous accompagnent pour ce beau projet comme le Groupe Kering, l’AFD, le CIAN et la BAD (Banque africaine de développement) qui – je l’espère – sera notre principal sponsor. Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus, mais tous les autres sont encore les bienvenus. Et, bien sûr, plusieurs partenaires médias dont votre site AfricaPresse.paris

Valérie KA a défilé pour les plus grands couturiers… © Didier Barral

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Quelques mots enfin pour résumer votre brillante carrière de mannequin...

Valérie Ka – C’est Alphadi, le « Magicien du Désert » et président de la Fédération Africaine des Créateurs, qui m’a découverte et a lancé ma carrière. Très jeune, à 14 ans, je suis devenue son égérie et je l’ai accompagné dans toutes ses tournées africaines en 1998 et 1999.

J’ai bien sûr participé plusieurs fois lors du FIMA (Festival International de la Mode en Afrique) qu’il a créé il y a plus de 20 ans dans le désert du Tiguidit, au Niger, et défilé pour d’autres grands stylistes africains comme l’Ivoirien Gilles Touré. Puis j’ai été engagée à Paris par Metropolitan (l’agence qui a découvert Claudia Schiffer) et j’ai poursuivi une belle carrière de Top model en défilant pour les plus grands couturiers à Paris, New York, Milan ou Pékin. Comme Yves Saint Laurent, Jean-Paul Gaultier, Christian Dior, Gianfranco Ferré ou Vivienne Westwood.

Quelles sont vos autres grandes passions ?

Valérie Ka – Depuis ma jeunesse, j’ai toujours eu deux passions : la mode et l’architecture. Avant même la création de mon entreprise d’investissement immobilier et de design d’intérieur à 23 ans, je me souviens qu’après mes « fashion show » je travaillais sur les chantiers où, mannequin, je débarquais encore toute maquillée et en talons hauts…

Certains étaient surpris et amusés mais, je pense, aussi ravis [rires] ! Je voulais tout voir et tout comprendre par moi-même des installations des cables électriques ou des conduites d’eau car je suis une femme très manuelle. J’ai eu aussi la chance de collaborer avec plusieurs maisons de design à Hong Kong et cela m’a permis de découvrir une autre facette de l’aménagement d’intérieur. Mais cela, c’est mon jardin secret.

EN SAVOIR PLUS

 www.shareafrica.live
 www.valerieka.com
et aussi :
 Agenda Paris, 2 - 3 juillet – 1re édition du Forum « Share Africa » à la Maison de la Radio : valoriser l’innovation et la mode africaines

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« LES OUTILS DE LA CONFIANCE POUR ENTREPRENDRE EN AFRIQUE »

(21 04 2021)

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