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À la VIe Nuit de l’Entrepreneuriat de Bamako : « La diaspora doit se mobiliser. Personne ne construira le Mali à notre place », lance Chérif Haidara, Président du CSDM

1er février 2021
À la VIe Nuit de l'Entrepreneuriat de Bamako : « La diaspora doit se mobiliser. Personne ne construira le Mali à notre place », lance Chérif Haidara, Président du CSDM
Au gré des différents panels de la VIe Nuit de l’Entrepreneuriat de Bamako (28-30 janvier) deux grands thèmes se sont dégagés, dont les préoccupations et réflexions souvent se recoupent : le numérique, qui apparaît comme l’outil incontournable au développement ; la mobilisation de la diaspora, qui s’affirme capitale pour l’avenir du pays.

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De notre envoyé spécial à Bamako, Bruno FANUCCHI
@PresseAfrica

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Il y a tout juste un an, en février 2020, Kamissa Camara, la jeune et brillante ministre de l’Économie numérique et de la Prospective, avait lancé les premiers BDD (Bamako Digital Days, voir ICI notre article) qui avaient réuni dans la capitale malienne la fine fleur du secteur et créé bien des connexions utiles. C’était le « monde d’avant », mis à mal par l’hibernation forcée qu’a partout imposé le coronavirus et gelé – hélas – bien des projets.

« Les femmes ont été des pionnières dans le développement du digital, mais se retrouvent aujourd’hui laissées pour compte et sous-représentées dans ce secteur d’avenir », fait ainsi remarquer Porcho Marguerite SOGOBA (Fondatrice de Musodev) qui est à la tête d’une organisation numérique pour l’autonomisation des femmes dans ce secteur clé.
Il faut aider les femmes à développer leurs compétences dans le digital pour trouver de bonnes opportunités sur le marché du travail », poursuit-elle, en rendant hommage à certaines initiatives comme celle d’ONU-Femmes qui « a lancé une plateforme pour mettre en relation les femmes avec les investisseurs et l’e-commerce ».

« On s’est rendu compte que tout le reste du monde est sur Internet, y compris les amateurs d’art », observe dans ce même panel consacré à la digitalisation Mme Massira, spécialiste d’Art contemporain, mais qui veut inscrire son action dans la culture multiséculaire du Mali. « Beaucoup de manuscrits de Tombouctou ont été brûlés par les djihadistes, rappelle-t-elle. D’où l’utilité de passer à la numérisation pour la protection de notre patrimoine. La mémoire d’hier constitue la richesse d’aujourd’hui et de demain. Il nous faut trouver les bons mécanismes pour numériser toutes nos richesses et les rendre accessibles au grand public. C’est faisable. »

« Soyons décomplexés, car en Afrique
tout le monde a deux téléphones ! »

« Le numérique va jouer son rôle même dans nos prochaines élections au Mali », souligne Amadou Diawara, directeur général de Famib. « Je dirige aujourd’hui un groupe qui emploie 200 personnes, mais j’ai commencé en France avec 5 000 €. Le numérique, c’est gratuit. Mon chiffre d’affaires, observe-t-il cependant avec regret, se fait principalement au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en France et au Rwanda, mais pas au Mali », tant il est vrai que les plateformes en ligne ont bien évidemment une efficience transnationale.

« Le Mali n’est pas en retard dans ce domaine, constate-t-il, car l’essentiel c’est que le numérique soit un levier de développement pour notre pays. Le Mali est un pays aux sept frontières et on peut utiliser notre “continentalité” pour se situer en carrefour de tous ces échanges en ligne ». C’est pourquoi il a eu l’idée de démultiplier sa plateforme en différents dialectes africains : peul, bambara, wolof, swahili, etc. Et les résultats sont là !

« En Afrique, explique-t-il encore, nous sommes en avance : tout le monde a deux téléphones. Certains n’ont parfois pas de quoi manger un sandwich, mais utilisent WhatsApp en permanence. Soyons décomplexés ! ».

CEO de Sodishop (principale centrale d’achats en ligne), Boubacar Baldé insiste quant à lui sur la formation et le suivi : « Pour passer au numérique dans les entreprises, il faut d’abord la volonté d’y aller.
Le numérique, c’est quelque chose de facile, le matériel est déjà présent, mais il faut penser à un bon système de gestion car, si 23 % des Maliens sont bien connectés, des problèmes se posent parfois dans le niveau d’utilisation. Sur les pages Facebook, il y a beaucoup d’opportunités et des centaines de formations possibles, mais les jeunes Maliens bien souvent n’en profitent pas ».
Il faut donc faire évoluer petit à petit les mentalités et les habitudes de la vie quotidienne.

L’emploi, préoccupation majeure

À Bamako, lors de cette VIe Édition de la « Nuit de l’Entrepreneuriat », tous les participants ont en tête une préoccupation majeure : l’emploi. Et certains intervenants mettent les pieds dans le plat sans ménager les autorités. « Le Mali est en train de former de futurs chômeurs », lâche ainsi Fatoumata Traoré, fondatrice de Successway Mali (jeune entreprise de placement universitaire et insertion professionnelle créée en juillet 2018), en dénonçant publiquement l’inadéquation du système éducatif et des besoins du marché du travail.
« Au Mali, nous avons des jeunes diplômés, mais pas de cadres qui acceptent d’aller travailler en brousse alors que la priorité serait de créer de l’emploi dans les villages, en zone rurale », remarque un autre intervenant. Les choses sont dites et il convient désormais d’harmoniser les efforts de tous pour faire bouger les lignes.

Le ministre Mohamed Salia Touré lui-même, présent aux débats, insiste sur la nécessité et l’urgence pour ce gouvernement de transition de « rétablir la confiance » et d’« accompagner les entreprises et le secteur privé » qui sont les véritables créateurs d’emplois.

Membre de l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation (ONEF), M. Coulibaly appelle dans ce but la diaspora à s’activer et à faire jouer tous ses réseaux. « La diaspora doit se mobiliser. Nous sommes tous obligés de nous donner la main car les gouvernements successifs ont lamentablement échoué », renchérit Chérif Haidara, Président du CSDM (Conseil supérieur de la diaspora malienne), qui révèle que le CSDM vient de créer « une plateforme où tout le monde peut s’inscrire pour voir – en chargeant l’application sur son portable – les domaines de compétences et centres d’intérêt des uns et des autres ».
Car, conclut-il avec emphase, « nous sommes un peuple debout et émergent. Personne ne construira le Mali à notre place ».

De gauche à droite sur la photo : Bouba Traoré, organisateur de la VIe Nuit de l’Entrepreneuriat ; une panéliste ; Chérif Haidara, Président du CSDM (Conseil supérieur de la diaspora malienne). © BF

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