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EV21-MAMP - Doudou TAMBA, lauréat sénégalais du Prix Provence Africa Connect : « Les gouvernements africains devraient miser davantage sur les diasporas... »

20 janvier 2022
EV21-MAMP - Doudou TAMBA, lauréat sénégalais du Prix Provence Africa Connect : « Les gouvernements africains devraient miser davantage sur les diasporas... »
Lauréat, à l’occasion du récent EMERGING Valley, du Prix Provence Africa Connect récompensant un jeune entrepreneur de la métropole Aix-Marseille-Provence développant un projet innovant et utile pour l’Afrique, le Sénégalais Doudou Tamba est docteur en pharmacie a fondé une start-up fort prometteuse. Entretien.

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Propos recueillis à Marseille par Bruno FANUCCHI
pour AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse

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Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez reçu le Prix Provence Africa Connect ? Cela a-t-il déjà changé pour vous quelque chose ?

Doudou TAMBA – Ce fut un sentiment de grande fierté ! C’est le premier prix que je reçois depuis que ma start-up, Tamba Labs, a été créée en décembre 2019, il y a deux ans, et cela a donné un véritable coup de pouce à la visibilité de ma start-up au niveau régional. Mais en réalité, je travaille sur tous ces projets depuis une dizaine d’années…

Vous êtes installé à Aix-en-Provence, mais d’origine sénégalaise ?

Doudou TAMBA – Je suis Sénégalais né en 1977 à Dakar. J’ai donc 44 ans et suis docteur en pharmacie avec une formation au Sénégal qui m’a permis de maîtriser la phytothérapie, c’est-à-dire la médecine traditionnelle par les plantes, et je me suis spécialisé dans l’ethno-pharmacologie, c’est-à-dire l’étude du comportement des hommes et des animaux dans leur écosystème.

Cette étude se fait en immersion auprès de guérisseurs et de phytothérapeutes et cela permet – au travers du prisme des sciences fondamentales et académiques – de déceler des propriétés naturelles des plantes que l’on peut exploiter dans l’industrie pharmaceutique, dans la « nutratiotique » et dans la cosmétique en général.

Avec aussi plusieurs spécialisations acquises à l’Université de La Timone, à Marseille...

Doudou TAMBA – J’ai grandi à Dakar, avec de la famille en Casamance, et des séjours réguliers en France, où je suis arrivé pour faire du judo et des compétitions avec l’équipe nationale, car le judo était ma passion. À la suite d’une blessure, je suis en effet retourné à l’Université, à la fac de pharmacie de La Timone, à Marseille, où je me suis spécialisé dans tout ce qui est biotechnologie – extraction et formulation de principes actifs –, avant de faire une autre spécialisation, en investigation clinique, à la fac de médecine de La Timone.

Toutes ces études m’ont permis de maîtriser la conception des médicaments en partant des plantes jusqu’aux produits que vous allez retrouver en pharmacie. Avec pour objectif d’avoir une compétence globale pour pouvoir piloter ce type d’activités.
À chaque fois que je faisais des allers-retours entre le Sénégal et la Provence, je ramenais régulièrement dans mes bagages des plantes pour les tester ici dans des laboratoires universitaires. C’est ainsi qu’est né le projet de création d’une start-ups développant des biotechnologies.

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« Je rends un vibrant hommage
au Professeur Didier Raoult »

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N’avez-vous pas travaillé à Marseille avec l’IHU du Professeur Didier Raoult, très connu au Sénégal ?

Doudou TAMBA – C’est exact. C’est une personnalité très appréciée au Sénégal et en Provence. Les premiers tests que nous avons effectués sur des répulsifs contre les moustiques ont en effet été effectués à l’IHU qu’il dirige, grâce aux moustiques fournis sur place. La première preuve du concept de ce répulsif naturel a été réalisée chez lui.

Personnellement, je suis très admiratif du travail qu’il fait et de ses positions engagées pour la santé et également pour toute l’aide qu’il apporte au Sénégal. Ce répulsif va permettre, je l’espère, d’apporter des solutions pérennes au monde entier, en Afrique d’abord bien sûr, mais dans toutes les zones où pullulent les moustiques. Je rends donc un vibrant hommage bien mérité au Professeur Raoult qui a d’ailleurs été décoré par le Président Macky Sall, qui l’a fait Chevalier de l’Ordre national du Lion !

Doudou TAMBA, héritier d’une tradition familiale séculaire de guérisseurs et phytothérapeutes. © DR

Voulez-vous nous en dire plus sur votre start-up et d’où vient son nom de Tamba Labs ?

Doudou TAMBA – Tamba Labs a pour vocation d’innover dans ce secteur de la santé, en développant des biotechnologies rouges. Les actifs innovants développés principalement à partir de plantes médicinales africaines sont destinées à l’industrie pharmaceutique, la nutrition fonctionnelle et la dermo-cosmétique.

Pourquoi Tamba ? Parce que mes ancêtres sont de Tambacounda, ville du Sénégal oriental située à 460 km à l’est de Dakar. Son nom veut dire « chez les Tamba » et cela a une connotation vraiment particulière car la majorité de mes ascendants sont des guérisseurs et phytothérapeutes, avec des connaissances transmises de génération en génération. Je suis un peu le dépositaire légitime de ces connaissances que je voudrais magnifier au travers de ma start-up.

À l’origine, mes ancêtres étaient dans l’Empire Mandingue, le plus grand et le plus prospère empire de l’Afrique de l’Ouest, les conseillers médicaux et spirituels du Souverain ayant en charge le « Bois sacré » et les plantes n’avaient pas de secrets pour eux. Au déclin de l’Empire Mandingue, les Tamba n’ayant plus ce privilège de conseillers, ils se sont reconvertis dans la phytothérapie, le traitement grâce aux plantes. Et cela s’est transmis de génération en génération.

Quand je vais en Casamance, je rends visite à un de mes oncles qui est encore phytothérapeute. Il traite les infections psychosomatiques et je le remercie de m’avoir transmis tant de connaissances sur les plantes. Il est donc un peu partie prenante de cette belle aventure.

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« Le paludisme est encore le premier tueur
au monde, n’en déplaise à la Covid ! »

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Quels sont maintenant vos autres projets ?

Doudou TAMBA – Je travaille sur trois axes différents de créations de « nutracieutiques » (terme contractant la nutrition et la pharmaceutique) à destination de l’industrie pharmaceutique, d’entreprises et de PME, pour qu’elles fassent eux-mêmes leurs produits à mettre sur le marché. On développe cet axe qui recouvre l’extraction de nutriments à partir de plantes médicinales et leur formulation pour ceux qui ont des carences ou des déficiences nutritionnelles.

Je travaille aussi sur un répulsif naturel de moustiques qui est très utile au Sénégal et partout où l’on retrouve beaucoup de moustiques. Cela me tient très à cœur car le paludisme est encore le premier tueur au monde, et de très loin, n’en déplaise à la Covid !

Chez Tamba Labs, on développe également une matrice extra-cellulaire bio-mimétique. On fait de la pharmacologie, on regarde la nature pour essayer de déceler des propriétés qui seront utiles à l’organisme. J’ai ainsi découvert que la sève d’un arbre est la copie exacte de la matrice extra-cellulaire de notre organisme. C’est en quelque sorte le gel dans lequel baignent nos cellules et qui permet d’hydrater le corps et nos organes. Et cette matrice permet d’éliminer les toxines et d’éviter les rides et donc de retarder quelque peu le vieillissemet.

C’est vraiment une de vos découvertes ?

Doudou TAMBA – J’ai découvert ce gel par hasard car cela fait partie des produits que l’on retrouve dans la gastronomie sénégalaise et la texture du produit m’a interpellé et m’a rappelé quelques produits que je manipulais lors de ma formation en fac de pharmacie et que l’on retrouve dans des mets traditionnels, comme le thiéré, qui est un couscous de mil fort prisé au Sénégal.
Ce produit là, qu’on a testé en cicatrisation, s’est révélé d’une extraordinaire efficacité, jusqu’à 90 % pour certaines maladies !

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« La Métropole, c’est un vivier avec un potentiel
très important pour la créativité et l’innovation »

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La métropole Aix-Marseille-Provence qui, lors de la Ve édition d’Emerging Valley, vous a attribué ce Prix, vous semble-t-elle être une place stratégique pour les innovations technologiques et un pont utile entre les deux rives de la Méditerranée, entre l’Europe et l’Afrique ?

Doudou TAMBA – Absolument. Je suis installé à Aix-en-Provence, et c’est naturellement que nous autres, Africains, nous nous sentons dans le Sud comme à la maison. Grâce à la chaleur humaine et à l’accueil typique du Midi et, bien sûr, en raison du climat et du soleil dont nous avons besoin.
Je veux souligner aussi qu’on donne ici la chance à des Africains comme moi d’avoir accès à l’éducation et à la formation, et qu’on nous offre ensuite la possibilité de faire aboutir ses rêves à travers la création d’entreprise de pointe, avec l’important accompagnement proposé.

Personnellement, je suis incubé à la Technopôle de l’Arbois, une structure publique, avec un accompagnement de qualité qui permet de travailler dans de bonnes conditions. Je tiens à le signaler. La Métropole Aix-Marseille-Provence, c’est vraiment un vivier avec un potentiel très important pour la créativité et l’innovation.

Un dernier mot pour conclure notre entretien ?

Doudou TAMBA – Je voudrais lancer un appel en direction du Sénégal et de bien d’autres pays d’Afrique car nous autres, membres des différentes diasporas africaines, ne sommes pas assez reconnus par nos pays d’origine.

Je pense que c’est dommage, car ce potentiel qui est le nôtre, nous devrions pouvoir le mettre à disposition de nos pays d’origine respectifs. On développe beaucoup de choses ici, mais on a toujours en tête l’ambition de pouvoir venir en aide à l’économie de nos pays. Au regard de leur véritable potentiel, les diasporas africaines sont trop négligées par les autorités de leurs propres pays.

Les gouvernements africains devraient miser davantage sur les diasporas parce qu’elles sont ici au contact de ce qui se fait de mieux et pourraient être grandement utiles à l’économie de l’Afrique. Intéressez-vous à vos diasporas et à leurs projets, aidez-les dans l’implantation et la réalisation de leurs projets qui bien souvent peuvent être utiles à leurs pays d’origine.

Je pense bien évidemment aux autorités sénégalaises et je remercie ici les institutions régionales pour leur soutien et leur accompagnement. Et je fais un clin d’œil au CPA – le Conseil présidentiel pour l’Afrique – pour qu’il pousse nos gouvernements africains à poser un regard plus intéressé sur les diasporas.

L’annonce de la remise du Prix Provence Africa Connect, par Samir ABDELKRIM, fondateur d’Emerging Valley, et Didier PARAKIAN, vice-président de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Délégué aux Relations internationaless. © DR

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EN SAVOIR PLUS :
www.tamba-labs.com

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