Lionel a attrapé la leptospirose, une maladie rare dans l'eau : "J'ai frôlé la mort"

Lionel Rard, 49 ans, a frôlé la mort en contractant la leptospirose, une maladie rare qui touche 500 personnes par an environ en France. Il témoigne pour actu Lyon.

Lionel a attrapé la leptospirose , une maladie rare chez l'Homme. Le Lyonnais a été en réanimation et a
Lionel a attrapé la leptospirose, une maladie rare chez l’homme. Le Lyonnais a été en réanimation et a « frôlé la mort » en juillet 2022. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)
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Il y a un an quasi jour pour jour, Lionel Rard, 49 ans, est hospitalisé en urgence dans un établissement de Lyon. Le plongeur professionnel voit alors son état de santé se dégrader subitement, en quelques jours seulement.

Un an après avoir « frôlé la mort », il sort du silence et explique comment il a surmonté une leptospirose.

La leptospirose, une maladie très rare

La leptospirose est une maladie rare que l’homme peut contracter dans l’eau ou au contact de certains animaux, surtout des rongeurs. Seulement 500 cas par an sont répertoriés en France dont 20% sont graves et certains mortels.

Lionel a été hospitalisé le 9 juillet 2022, « le jour de l’anniversaire de (sa) dernière fille », se souvient le quadragénaire, plongeur professionnel.

Mais avant d’arriver sur un lit d’hôpital, l’état de santé du père de famille se dégrade rapidement.

« Ma femme me disait que j’avais pris dix ans d’un coup »

« Depuis une semaine, j’avais un sentiment intense de fatigue, des cernes de plus en plus creusées. Ma femme me disait que j’avais pris dix ans d’un coup », se remémore-t-il. Le samedi matin, la veille de son hospitalisation, Lionel confie à son épouse qu’il a besoin de repos et qu’il doit dormir. « Pas son habitude ». Il a aussi « perdu 15 kilos en une semaine ».

Le papa assiste à peine à la fête d’anniversaire de sa fille. « Dans la journée, mon visage gonflait, il doublait de volume. Je n’arrivais plus trop à respirer. Je décide alors d’aller aux urgences, j’y passe six heures. L’interne qui m’examine ne me donne rien de plus qu’un antibiotique et je repars. »

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C'est quoi la leptospirose ?

Selon l'Institut Pasteur, la leptospirose se propage via les rongeurs, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie dans leur urine. Chez l’homme, la maladie est souvent bénigne, mais peut conduire à l’insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20% des cas.
Les formes graves associent insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaire, digestive).
En France métropolitaine, elle touche environ 600 personnes chaque année.
Certaines professions (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs…) et les personnes pratiquant des loisirs nautiques (baignade, canoé, kayak, pêche, chasse, canyonning...) sont particulièrement à risque. Chez l’homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses.

Fièvre à 40°C, délires, vomissements et réanimation

Le lendemain, sa situation de santé se dégrade encore plus. Il décide d’aller en urgence à l’hôpital Edouard Herriot de Lyon. « Je n’urinais plus, mais je me vidais de tous les côtés, des vomissements notamment », complète Lionel.

Quand il arrive à l’hôpital, sa fièvre monte à 40°C et il délire. « Je chantais des chants marins. On m’a placé en réanimation sans savoir ce que j’avais. Ils ont surveillé mon taux de créatinine au niveau des reins, j’étais à plus de 800, c’était considérable ! ». Cette bactérie attaque en effet le système rénal.

J'ai passé quatre jours en réanimation mais sans être plongé dans le coma, j'étais conscient. Les médecins m'ont dit que j'avais frôlé la mort même si je ne m'en suis pas rendu compte.

Lionel

Les médecins ne comprennent pas ce qu’il a

Les médecins ne comprennent pas tout de suite ce qui touche le corps du père de famille. C’est le fait de « me demander ce que je fais dans la vie qui a permis de me sauver ».

Cet ancien agent immobilier est devenu plongeur scaphandrier il y a quelques années. « Le médecin a tout de suite compris que je pouvais avoir la leptospirose avant d’avoir les résultats des examens », confie-t-il. 

Le Lyonnais, très engagé dans l’association Odysseus (qui préserve les fonds marins et organise régulièrement des opérations de nettoyage de fleuves et rivières), a pu attraper la bactérie en plongeant dans le Rhône ou la Saône. « Quelques jours avant les premiers symptômes, j’ai fait plusieurs plongeons. Cela correspondait à la période d’incubation de quatre jours à deux semaines ». 

Lionel sur son lit d'hôpital après plusieurs jours de réanimation, à Lyon.
Lionel sur son lit d’hôpital après plusieurs jours de réanimation, à Lyon. (©Document remis – actu Lyon)

Une maladie attrapée dans l’eau

La leptospirose s’attrape au contact direct de l’eau, surtout quand elle est stagnante vers les berges ou encore en touchant certains animaux comme les rongeurs, le ragondin par exemple, très présent à Lyon.

Après la réanimation, Lionel est resté une semaine à l’hôpital avant de rentrer chez lui. Sur son lit, il perdait sa peau sur ses pieds, ses bras ou son visage.

Des pertes de mémoire

Depuis un an, il est engagé dans un processus de guérison. Les médicaments qu’il prend lui provoque des effets secondaires comme des pertes de mémoire et des problèmes d’élocution. 

Pour la mémoire, je pouvais par exemple me servir un verre d'eau et oublier complètement en cours de route ce que je faisais. En décembre dernier, je suis retourné dans mon village natal, et j'avais oublié certains prénoms. C'est gênant et angoissant. Aujourd'hui j'ai encore des pertes de mémoire passagères, je dois parfois m'excuser d'avance avec mes interlocuteurs.

Lionel

« Je me sentais invincible »

En frôlant la mort, il affirme aujourd’hui avec le recul qu’avant « il se sentait invincible ». « Désormais, je me dis que j’ai envie de faire un maximum de choses. C’est la première fois que je ressens ça, je suis plutôt de nature nonchalante… »

L’une de ses trois filles lui a récemment demandé s’il aurait pu mourir. « Avant, je lui disais non, là j’ai dû lui dire la vérité », confie le papa. 

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Un an après, toujours suivi par des médecins

Mais pour lui pas question de laisser tomber son métier passion. Il a replongé deux mois après son hospitalisation. « J’étais faible, mais je voulais le faire. Mes proches étaient très inquiets pour moi. Je n’ai pas imaginé un seul instant laisser tomber la plongée ».

Un an après sa mésaventure, il espère que la vaccination contre la leptospirose se démocratise. « C’est 200 euros la dose et c’est très peu connu. J’alerte aussi la population sur les risques à prendre, au contact de rongeurs dans l’eau ou encore quand on nage dans certains secteurs. Il faut éviter les eaux stagnantes et surtout ne pas toucher les ragondins ou les castors, en plus ce sont des animaux sauvages… »

Lionel est encore suivi par des médecins. « J’ai encore des rendez-vous, mes reins ont dégusté ». Un an après, il en parle librement et n’a pas renoncé à sa passion d’explorer les fonds aquatiques.

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