Maintenir la capacité de la France à s’approvisionner en matériaux locaux et durables

OPINION. A l’occasion de l'élection présidentielle, l’Union Nationale des Industries de Carrières et de Minéraux (UNICEM), qui représente la filière des carrières et matériaux de construction interpelle les candidates et candidats sur la nécessité de maintenir une industrie française des matériaux minéraux forte, dans une double perspective économique et écologique. Par Alain Boisselon, Président de l’UNICEM.
(Crédits : DR)

Dans un contexte où le changement climatique est une préoccupation centrale et où les ruptures d'approvisionnement mettent en danger le fonctionnement des filières économiques, notre industrie, carrières et centrales à béton principalement, ne cesse de démontrer la nécessité économique et écologique de produire des matériaux « made in France » et de proximité.

Pendant la crise sanitaire, nos entreprises adhérentes ont fait le choix de maintenir leur activité économique malgré l'effondrement des commandes. Maillon essentiel de la chaîne de production, elles ont soutenu la reprise rapide de la filière BTP souhaitée par le Gouvernement. Nos sites, répartis sur l'ensemble du territoire, au plus proche de leurs clients, permettent une grande réactivité, favorisent les circuits courts et contribuent de façon positive à diminuer l'empreinte carbone liée au transport. Ce maillage de proximité participe également à la création et au maintien de l'emploi dans de nombreux territoires ruraux.

Soutenir une industrie mobilisée et engagée pour la transition écologique

Consciente depuis plusieurs décennies de l'importance des sujets environnementaux, notre filière est pleinement engagée dans la lutte pour la préservation de la biodiversité et contre le changement climatique. Avec la charte environnement des industries de carrières, notre filière est l'une des premières à s'être dotée, dès 1992, d'une démarche sectorielle environnementale. Depuis 2017, l'association UNICEM entreprises engagées propose également un référentiel de labellisation RSE (responsabilité sociétale des entreprises) sectoriel, évalué par des organismes tiers indépendants, facilitant l'engagement de nos entreprises dans la RSE.

Nous sommes convaincus que la lutte contre le changement climatique nécessite plus que jamais de favoriser l'emploi du bon matériau au bon endroit à la juste quantité en ayant notamment recours à la mixité des matériaux. Il est bien sûr nécessaire et essentiel de poursuivre les efforts en matière de recyclage (aujourd'hui, 76% des déchets inertes sont valorisés ou recyclés et l'objectif est d'atteindre 90% en 2028). Néanmoins, nous devons un discours franc à nos concitoyens : ni le recours à des matériaux alternatifs, ni le recours aux granulats recyclés ne permettra de couvrir la totalité des besoins de la construction et des travaux publics dans les années à venir.

Les carrières sont des installations classées pour la protection de l'environnement. A ce titre, la durée des autorisations d'activités des carrières peut être de 30 ans. Or, concrètement et dans la majorité des cas, les autorisations sont délivrées pour une durée de 15 ans. Face à cette situation, nous attendons une sécurisation juridique et une simplification administrative pour les entreprises.

L'enjeu est de maintenir la capacité de la France à s'approvisionner en matériaux locaux, durables et bon marché

La crise sanitaire a montré les limites de la mondialisation. Les donneurs d'ordre doivent valoriser davantage dans les appels d'offres les productions en boucles courtes et nationales. L'UNICEM prône notamment l'utilisation du levier de la commande publique qui représente 10% du PIB, soit environ 200 milliards d'euros, pour atteindre ces objectifs. Il s'agit d'encourager la commande publique locale et responsable.

Pour l'industrie des roches ornementales et de construction soumise à une concurrence européenne et extra-européenne féroce, il s'agit même d'une question de survie. Ces TPE-PME contribuent, avec des matériaux de qualité, à l'aménagement de nos villes et à l'entretien de notre patrimoine. Pour faire face à la concurrence des produits importés, qui a eu pour conséquence la disparation de 20% des entreprises française de la pierre entre 2010 et 2018, nous demandons la mise en place d'un plan d'investissement économique au niveau national. Ce plan d'investissement, en faveur de la modernisation des outils industriels, permettra aux PME et TPE de la filière de participer à la compétition internationale.

Il s'agit de soutenir la modernisation de l'industrie de la pierre de construction, une filière d'excellence au service de la transition écologique pour garantir une concurrence équitable vis-à-vis de ses concurrents extra-européens.

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Commentaires 2
à écrit le 23/02/2022 à 12:36
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Etre autonome ne veut pas dire travailler pour l'export!

à écrit le 23/02/2022 à 9:14
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"Soutenir une industrie mobilisée et engagée pour la transition écologique" Un ami a bossé dans une carrière pendant un an puis a du arrêter du fait d'un pied cassé et d'une luxation de l'épaule et nous sommes dans des conditions de travail polluante...

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