Menaces contre les lycées : Nicole Belloubet « suspend » la messagerie dans tous les espaces numériques de travail

Depuis une semaine, des établissements scolaires de toute la France sont la cible de messages à caractère terroriste. La ministre de l’Éducation nationale a décidé ce jeudi de suspendre la messagerie de tous les espaces numériques.

Nicole Belloubet a suspendu la messagerie dans tous les ENT. AFP/Ludovic MARIN
Nicole Belloubet a suspendu la messagerie dans tous les ENT. AFP/Ludovic MARIN

    Face à un phénomène préoccupant, le gouvernement a réagi. Après la vague de menaces d’attentats dans les collèges et lycées, la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet a annoncé ce jeudi après-midi suspendre « à titre préventif » toutes les messageries numériques des Espaces numériques de travail (ENT) dans les établissements scolaires. Ces ENT permettent un accès à distance à des ressources numériques et facilitent les échanges entre les professeurs et les parents. Mais ils peuvent aussi conduire à d’inacceptables tentatives de pression ou d’intimidation.

    « À la suite des piratages et menaces, j’ai décidé de suspendre à titre préventif toutes les messageries des espaces numériques dans nos établissements scolaires », a écrit jeudi soir la ministre sur X, indiquant déployer un « véritable bouclier numérique » avec l’aide des représentants des élus et les éditeurs de logiciels scolaires.

    Cette suspension aura lieu « jusqu’aux vacances de printemps sans doute », avait déclaré un peu plus tôt Nicole Belloubet sur RTL. Et ce afin que « nous puissions réinitialiser les comptes de nos élèves et sécuriser davantage » l’accès à la messagerie des ENT.

    Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, salue auprès du Parisien une « mesure d’urgence bienvenue, qui peut permettre de faire redescendre un peu la tension sur ce sujet ». « Mais il faudra surtout en tirer les conséquences en termes de sécurité », prévient Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat, qui plaide plutôt pour « des outils nationaux, sécurisés ».

    Des dizaines d’établissements scolaires ont été menacés ces derniers jours via leurs espaces numériques de travail, particulièrement en Île-de-France. Ce mercredi matin encore, à Paris, une vingtaine ont reçu des messages malveillants. Au total, 340 menaces, dans 44 départements et 20 académies, ont eu lieu en France depuis le milieu de la semaine dernière, indique le ministère ce jeudi.

    Trois enquêtes ouvertes

    À chaque fois, le procédé est le même : un message malveillant est envoyé via l’espace numérique de travail (ENT), plate-forme d’échanges entre professeurs, élèves et parents. Les propos anxiogènes annoncent l’arrivée imminente d’un attentat à la bombe. Ils sont parfois accompagnés d’une vidéo de décapitation.

    Un adolescent de 17 ans a notamment été arrêté ce jeudi matin à Malakoff (Hauts-de-Seine) dans le cadre d’une enquête diligentée par la section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris. « Le contenu des messages est gravissime », a réagi Nicole Belloubet sur RTL.

    La section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris a ouvert trois enquêtes sur ces cyberattaques survenues sur l’ensemble du territoire national, notamment pour « apologie du terrorisme », « usurpation d’identité » et « menaces de mort ».



    Nicole Belloubet avait assuré mercredi, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, qu’ « à ce stade, il n’y a pas de fuite massive de données ou d’attaque en règle de nos systèmes d’information ».