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L’Afrique participe des innovations autour des Switchs nationaux de paiement, outils des futurs écosystèmes financiers des pays (Rapport Bearing Point, 2/4)

20 mars 2021
L'Afrique participe des innovations autour des Switchs nationaux de paiement, outils des futurs écosystèmes financiers des pays (Rapport Bearing Point, 2/4)
Après un premier extrait d’une étude Bearing Point à paraître, et portant sur l’interopérabilité des moyens de paiement, nous publions ici un second volet, dédié aux grandes tendances et innovations des Switchs nationaux de paiement. Un mouvement d’ensemble auquel l’Afrique participe, comme le montrent les exemples de Maurice, du Nigeria ou encore de l’Égypte.

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Une contribution de Jean-Michel HUET, Associé Bearing Point,
avec Olivier Darondel, senior manager,
Marouane Znagui, manager,
Chloé Chevrand, consultante BearingPoint
Extrait du rapport de Bearing Point à paraître en avril 2021

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BearingPoint a réalisé une étude approfondie sur plusieurs modèles de switchs et/ou schèmes nationaux d’interopérabilité dans le monde, et en a dégagé un certain nombre de grandes tendances, concernant notamment les enjeux et objectifs de ces nouveaux dispositifs, les choix techniques et fonctionnels réalisés, les produits et services impliqués et les choix effectués en termes de gouvernance.

Les consultants se sont tout particulièrement penchés sur les modèles hybrides ou étendus, c’est-à-dire permettant d’établir une passerelle entre les mondes monétiques et mobiles. Ainsi, ces systèmes ne sont pas limités à un type d’acteur, mais s’adressent à divers types de fournisseurs de paiements électroniques, que ce soient les banques, les institutions de microfinance (IMF) ou encore les Établissements de Monnaie Électronique (EME). La passerelle entre monde monétique et mobile permet de développer des cas d’usage variés, de type transferts Bank-to-Wallet ou Wallet-to-Bank, par exemple.

Concernant les enjeux et objectifs de tels systèmes, les switchs étudiés ont souvent été instaurés à l’initiative des gouvernements et sont pour la plupart mis en place par l’entité de gestion d’autres systèmes nationaux de paiement de détail (le ACH – Chambres de compensation automatisées notamment).

L’objectif premier de tels projets est la volonté d’augmenter l’inclusion financière du pays, tout en limitant les risques liés à l’utilisation du cash et en instaurant une meilleure transparence dans les paiements. De plus, certains pays ont décidé d’instaurer un caractère obligatoire d’interfaçage au switch pour tous les fournisseurs de services financiers électroniques, afin de garantir une interopérabilité rapide et complète des paiements à l’échelle nationale.

C’est le cas de Maurice et de son switch national MauCAS, rendu obligatoire pour toutes les banques du pays.
De même, la banque centrale nigeriane a décidé de donner un délai d’interfaçage obligatoire pour les dix switchs privés du pays, dans l’objectif d’imposer une adhésion maximale et rapide des parties prenantes. Cependant, cette pratique est loin d’être universelle, certains gouvernements préférant laisser l’adhésion au switch sur la base du volontariat.

Concernant les choix techniques et fonctionnels effectués pour ces systèmes, il est important de souligner que ces dispositifs ne sont pas des systèmes isolés, mais au contraire interagissent et sont interfacés avec d’autres systèmes, du gouvernement ou d’autres switchs privés ou publics. Par ailleurs, les switchs en tant que tels peuvent prendre une multitude de formes différentes en fonction du nombre de modules qui les composent et de leur périmètre fonctionnel.

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Des choix de mise en place
différenciés selon les pays

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En effet, certains pays ont préféré privilégier la mise en place d’un switch complet dès le lancement (monétique et mobile, couvrant une large gamme de cas d’usage), là où certains pays ont privilégié la mise en place de modules au fil du temps et des évolutions du marché.

C’est le cas notamment de l’Inde et de son switch NPCI, composé d’une douzaine de modules créés au fil des années entre 2009 et 2017. Enfin, bien qu’étant des systèmes nationaux, la plupart des switchs étudiés sont créés dans le respect des normes internationales, les principales normes étant ISO8583 pour la monétique et ISO20022 pour l’instant paiement et les autres nouveaux cas d’usage.

Le modèle indien a su être particulièrement innovant dans ses choix techniques et fonctionnels. Le module *99# de son switch en est un bon exemple : ce système unifié basé sur une technologie USSD (1) , permet de fournir des services financiers directement depuis un téléphone basique et sans connexion Internet. Par sa facilité d’utilisation, il permet une inclusion maximale de la population.
Le switch indien comporte également le module BHIM Aadhaar Pay, qui permet de réaliser des transactions financières grâce à une empreinte digitale. BHIM Aadhaar Pay est destiné aux commerçants qui souhaitent recevoir des paiements numériques de leurs clients grâce au système national d’identification biométrique indien Aadhaar (2) .

Concernant les produits et services offerts, les cas d’usage les plus courants permis grâce à la mise en place d’un switch sont entre autres les transferts de personne à personne ou P2P, l’émetteur et le récepteur pouvant être un portefeuille électronique (wallet) ou un compte en banque, les paiements de factures depuis un compte en banque ou un wallet vers le compte bancaire d’un facturier, ou encore les paiements d’une institution gouvernementale vers une personne (G2P) parmi lesquels on peut citer les paiements de prestations sociales ou de salaires des fonctionnaires.

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Le modèle égyptien
un exemple d’innovation

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Concernant les paiements G2P, le modèle égyptien a notamment su être innovant avec son schème Meeza, qui offre aux banques la possibilité d’émettre deux types de cartes prépayées différentes, des cartes prépayées classiques et des cartes « gouvernementales », dédiées spécifiquement aux salariés des institutions publiques, qui pourront ainsi recevoir directement leur salaire et pensions sur la carte.

Parmi les cas d’usage très courants peuvent être également cités les paiements marchands entre un consommateur et un commerçant sur un lieu de vente, ou encore les opérations de Cash-in (dépôt d’argent) et de Cash-out (retrait d’argent) auprès d’un Distributeur Automatique de Billets.

Le switch permet la mise en œuvre de ces différents types d’opérations et surtout les rend possibles de façon interopérable d’un acteur à l’autre, d’une banque à un établissement de monnaie électronique, d’un compte auprès d’une institution de microfinance vers un wallet, etc.

Enfin, concernant la gouvernance de tels systèmes, il est important de souligner que les structures d’actionnariat des switchs étudiés sont principalement des modèles hybrides composés à la fois de banques privées et publiques. Bien souvent, le projet est initié par le gouvernement ; puis ce dernier privilégie un modèle mixte afin d’impliquer et de faire adhérer au maximum les fournisseurs de services financiers de l’écosystème.

Dans le cas d’un switch monétique et mobile, le modèle de gouvernance peut être un vrai défi, les différents participants étant de natures très diverses (banques, institutions de microfinance, établissements de monnaie électronique) et ayant ainsi des enjeux et objectifs différents, voire parfois contradictoires.

Certains pays ont ainsi choisi de ne faire asseoir que les banques à la table. Le modèle bolivien en est un bon exemple : ce switch monétique et mobile permet une interopérabilité entre 16 acteurs bancaires et un EME (Tigo). L’entité de gestion du switch a privilégié un modèle de gouvernance asymétrique, dans lequel la gouvernance est réservée à quelques institutions financières.

Ainsi, l’inclusion de tous les acteurs et le poids de leur participation au switch sont un sujet primordial et structurant dans la mise en place d’un switch national : il définit l’équilibre de l’écosystème financier du pays.

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1 - USSD (Unstructured Supplementary Service Data) : Canal permettant d’accéder à un menu interactif offrant des services en composant un numéro depuis un téléphone mobile. Ce canal permet ainsi d’offrir des services depuis n’importe quel mobile et sans connexion internet.

2 - Aadhaar - Système qui facilite l’identification d’une personne par une vérification biométrique ou par l’évaluation d’un ou plusieurs traits biologiques distinctifs, tels que les empreintes digitales, la géométrie de la main, la géométrie du lobe de l’oreille, les motifs de la rétine et de l’iris et les ondes vocales.

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SUR LE MÊME SUJET

L’interopérabilité des moyens de paiement digitaux régulés par switchs et schèmes nationaux, un enjeu primordial pour l’inclusion financière en Afrique (Rapport Bearing Point, J.-M. Huet & coauteurs, 1/4)

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