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Des chiens détecteurs de pathogène

Laïka, Balto, Rintintin… chiens célèbres passés à la postérité. Mais connaissez-vous Cliff, Colt ou encore Lucky ? Non ? Pourtant ces canidés sont des véritables atouts pour l’homme dans le monde de l’infection. Immergeons-nous dans leur histoire le temps d’un petit billet de blog.

C’est connu depuis la nuit des temps, le chien a du flair et il ne souffre d’aucune comparaison avec notre odorat puisqu’il lui serait 10 000 fois supérieur ! Ce flair, l’homme en tire parti en de nombreuses occasions. Et si les chiens sont désormais indispensables lors de la recherche de personnes enfouies sous des décombres, des avalanches ou encore pour la détection de drogues ou de munitions, fait moins connu ils peuvent également repérer la présence d’un micro-organisme.

Cliff le bien nommé

Eh oui ! Le chien participe lui aussi à sa façon à la lutte contre les infections et l’histoire commence aux Pays-Bas avec Cliff, Beagles de 2 ans, entrainé à détecter des souches toxinogènes de la bactérie Clostridum difficile (désormais renommée Clostridioïdes difficile), bactérie responsable d’une maladie intestinale (ICD) avec des symptômes allant d’une diarrhée légère à une colite pseudomembraneuse sévère et à un mégacôlon toxique. Et Cliff a été particulièrement bon !  Sur des échantillons de selles (50), la sensibilité et la spécificité étaient de 100%. Auprès des patients hospitalisés, sans contact physique, le chien a correctement identifié 25 des 30 cas infectés (sensibilité 83 %) et 265 des 270 des patients non infectés (spécificité 98 %). 1

De cette étude ressort  ainsi qu’un chien entrainé peut constituer une aide précieuse au diagnostic de C. difficile toxinogène et ceci de façon précise et rapide constituant un atout dans la prise en charge précoce du patient, mais également dans la prévention de la transmission croisée de cette bactérie. Des scientifiques canadiens se sont également penchés sur cette technique. Une première étude  obtient également de bons résultats mais là encore avec un seul chien2. Une seconde  met en évidence des différences de fiabilité entre 2 chiens et  suggère une limite à l’utilisation des chiens dans le diagnostic d’ICD3.   La raison de la variabilité est incertaine et peut être due soit à la capacité d’un chien à apprendre une nouvelle tâche, soit à sa distractibilité, soit à la sensibilité des systèmes olfactifs de différentes races. Si la capacité de chaque chien à détecter le C. difficile toxinogène est unique, alors chaque chien devrait être validé indépendamment et d’une manière similaire, avant de les utiliser dans cette optique. La mise en œuvre à grande échelle parait donc complexe.

Chasse à la punaise de lit

Parlons maintenant un peu de Colt, Whippet toulousain, qui a été un des premiers chiens renifleurs français de … punaises de lit ! Ces petites bêtes, ectoparasites hématophages en recrudescence à l’heure actuelle peuvent envahir les hôtels, les immeubles mais aussi les établissements de santé et médico-sociaux. Elles engendrent des atteintes dermatologiques pouvant entrainer des complications infectieuses. Et pour qui a déjà tenté de s’en débarrasser, la lutte s’est avérée complexe, la clé reposant sur l’identification précise et exhaustive des endroits infestés. Et c’est là que Colt intervient ! Il va renifler à tout-va les recoins d’une pièce, d’une valise ou d’un placard potentiellement infestés puis tout d’un coup s’asseoir sans aboyer ayant reconnu les effluves du parasite. Une étude italienne suggère une sensibilité de 96,3 % et une spécificité de 99,1%4. Pas mal quand on sait que le traitement va pouvoir être parfaitement adapté et cibler les seuls endroits infestés en gagnant ainsi en efficacité et en limitant les produits traitants et par là les coûts.

LUCKY auprès de son maitre reniflant les cônes olfactifs

La covid passe, le chien s’assoit

Et Lucky me direz-vous ?

Si le gold standard de la détection du covid-19 reste le fameux prélèvement nasopharyngé associé à une analyse par RT-PCR, Lucky, Berger Malinois, pourrait bientôt se faire une place dans l’arsenal des tests diagnostiques déjà à notre disposition.

C’est tout l’enjeu de deux projets pilotes de programme de formation de chien détecteurs de la Covid-19 appelés « Cynocov » et « Salicov » , tous deux portés par l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, en lien avec le CHU de Bordeaux pour le premier, et avec l’AP-HP pour le second. Cette expérimentation met en commun leurs expertises transdisciplinaires : santé humaine, santé vétérinaire et cynophiles, avec pour particularité de former des chiens capables de reconnaître, dès le début de l’infection, l’odeur d’un individu positif à la Covid-19 en reniflant sa transpiration. Concrètement, des compresses sont posées sous les aisselles des patients pendant quelques minutes5. Elles sont ensuite insérées dans des bocaux eux -même placés ultérieurement dans des cônes d’olfaction.

Les études ont commencé en début d’année 2021 et les résultats sont prometteurs. La moyenne observée pour la sensibilité et spécificité des chiens est de l’ordre de 95%. Ces résultats confirment scientifiquement la capacité des chiens à détecter une signature olfactive de la COVID-19. Ces expérimentations soutenues par l’OMS pourraient ouvrir la voie à une utilisation élargie du chien de détection olfactive dans la lutte contre la COVID-19. Une mise en œuvre de cette approche diagnostique pourrait être envisagée pour faciliter le dépistage de masse du fait de la rapidité de réponse des chiens.

Vous savez maintenant tout sur Cliff, Colt et Lucky et leurs comparses dans la lutte contre l’infection. Ces animaux nous prouvent encore une fois qu’ils restent nos meilleurs amis.

1Bomers M K, van Agtmael M A, Luik H et al. Using a dog’s superior olfactory sensitivity to identify Clostridium difficile in stools and patients: proof of principle study BMJ 2012; 345 :e7396 doi:10.1136/bmj.e7396

2Bryce E, Zurberg T, Zurberg M, Shajari S, Roscoe D. Identifying environmental reservoirs of Clostridium difficile with a scent detection dog: preliminary evaluation. J Hosp Infect. 2017 Oct;97(2):140-145. doi: 10.1016/j.jhin.2017.05.023. Epub 2017 Jun 1. PMID: 28579472.

3Taylor MT, McCready J, Broukhanski G, Kirpalaney S, Lutz H, Powis J. Using Dog Scent Detection as a Point-of-Care Tool to Identify Toxigenic Clostridium difficile in Stool. Open Forum Infect Dis. 2018;5(8):ofy179. Published 2018 Aug 22. doi:10.1093/ofid/ofy179

4Masini P, Zampetti S, Moretta I, Bianchi L, Miñón Llera G, Biancolini F, Stingeni L. Bed bug dermatitis: detection dog as a useful survey tool for environmental research of Cimex lectularius. Int J Dermatol. 2017 Oct;56(10):e204-e206. doi: 10.1111/ijd.13625. Epub 2017 Apr 24. PMID: 28436016.

5Grandjean D, Sarkis R, Lecoq-Julien C, et al.. Can the detection dog alert on COVID-19 positive persons by sniffing axillary sweat samples? A proof-of-concept study. PLoS One. 2020 Dec 10;15(12):e0243122. doi: 10.1371/journal.pone.0243122. PMID: 33301539; PMCID: PMC7728218.

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