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Ada Tech School, une nouvelle école de code “pensée pour les filles”

Les deux vingtenaires à l’origine de cette nouvelle école ne souhaitent pas créer un 42 ou un Epitech plus féminin, mais bien une “école Montessori de la tech”, réellement inclusive. Chiche ?

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Par Julia Lemarchand

Publié le 4 avr. 2019 à 09:27Mis à jour le 4 avr. 2019 à 11:46

Cassez les codes est leur baseline. Leur feuille de route ? “Plus de filles, plus de confiance et plus de sens !”. Cette petite nouvelle prépare son entrée dans l’univers des formations numériques, déjà riche de 750 formations labellisées Grande École du Numérique. Qu’importe. Ada Tech School - un clin d’oeil à Ada Lovelace, pionnière du 19e siècle de la science informatique - veut cultiver sa différence en devenant la première école de la tech vraiment mixte.

A peine 13% des élèves des formations Tech et informatiques en France sont des filles, selon le Syntec. La marche est haute. “Il n’y a pas de raison que les femmes ne soient pas plus formées aux métiers du numérique et n’y apportent pas leur contribution, quand on sait que le secteur conditionne notre quotidien et structure le monde de demain”, affiche d’emblée Chloé Hermary, CEO d’Ada Tech School, logé à Station F à l’incubateur HEC. La jeune femme de 25 ans y a suivi ses études, tout comme son associée Emmanuelle Oudéa, 27 ans.

Passionnées de pédagogie, les deux jeunes entrepreneuses ont d’abord eu l’envie de créer une “école supérieure du futur”, au départ sans savoir précisément où cela les mènerait. “En rencontrant des recruteurs, nous avons réalisé que les besoins les plus pressants concernaient le secteur de la tech, et que les entreprises avaient aussi une forte volonté de féminiser leurs équipes”, raconte Chloé. Bingo, elles tiennent leur projet.

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Stratégie inclusive

L’idée fait son chemin, et la rencontre avec Yannick François, développeur affichant 20 ans d’expérience et pédagogue du code passé par Simplon, fait le reste. Désormais doté d’un responsable pédagogique, le duo démarre l’aventure en octobre 2018.   Leur ambition ? Accueillir la première promotion composée d’une trentaine d’étudiant.e.s en septembre 2019, dans les locaux de l'accélérateur parisien The Family, qui soutient le projet aux côtés de la région Ile-de-France. Cette formation technique en 2 ou 3 ans se veut modulaire et concrète, laissant une grande place à l’alternance.

Mais comment y attirer les filles ? L’équipe identifie une première problématique à l’origine du manque de mixité dans la tech : l’image très masculine que renvoie l’informatique. “Les femmes se disent ‘c’est fait pour des mecs qui ont démonté leur ordi à 6 ans, j’ai raté le coche, ce n’est pas pour moi’. Il faut stopper cette autocensure par un travail d’information et de désacralisation de l’informatique”, avance Chloé Hermary, qui travaille avec des associations de sensibilisation comme Rev’elles, BecomeTech ou encore ITforGirls. La nouvelle école de code s’attelle donc à casser les codes “nerd” très masculins, largement repris par les écoles d’informatique. Cela passe par un site internet très “rose” avec un message martelé : “Ada est pensée pour les filles”. “La caricature, ça permet de transmettre l’info !”, assume l’entrepreneuse.

La tentation d’une formation 100% féminine écartée

Pourquoi dans ce cas ne pas proposer une formation 100% féminine ? Chez Ada Tech School, il en a été un moment question pour assurer d’un environnement bienveillant aux apprenantes. Et pour cause, une enquête de Social Builder publiée fin 2017, révélait que 7 femmes sur 10 déclarent avoir été l’objet d’agissements sexistes pendant leur formation, allant des blagues aux remarques sexistes sur leurs compétences, jusqu’au harcèlement sexiste, voire sexuel.

“Nous visons les 18-25 ans, et après réflexion nous nous sommes dits qu’il était absurde que des jeunes femmes ne soient pas dans un milieu mixte. Ce n’est pas ce qu’elles recherchent, elles nous le disent. Ce n’est pas non plus la réalité du monde du travail qu’elles rejoindront plus tard. Enfin, le changement de mentalité passe aussi par les hommes d’où la nécessité de les inclure”, explique Chloé Hermary. 

Une “école Montessori de la tech”

Puisque l’équipe part du postulat que tout le monde peut faire de la programmation informatique, la sélection ne se fait pas sur les compétences techniques mais bien sur la motivation. D’abord sur dossier puis via un entretien, accompagné d’exercices de mises en situation.

L’autre élément de différenciation que met en avant la nouvelle école est son approche pédagogique. “Le code est un outil social pour créer, très proche de la création en entreprise. On code avec les autres, pour les autres, et in fine notre code peut être même repris par les autres”, affirme son responsable pédagogique Yannick François. D’où le travail d’apprentissage organisé en mode collaboratif projet, et orienté produit. “L’année est organisée en temps forts de création qui dure chacun 4 semaines, reprenant la pensée du design thinking et la méthode agile”, détaille Chloé Hermary.

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Reste maintenant à convaincre de futurs apprenant.e.s de rejoindre les rangs de la première promo. Un pari audacieux alors que les frais de scolarité grimpent à 8.000€ pour chaque année, et que le diplôme n’est pas encore reconnu par l’Etat. Deux potentiels obstacles que la fondatrice d’Ada Tech School balayent d’un revers de main : “le diplôme n’est pas la priorité des personnes qui suivent ces formations au code, car certains trouvent un job après une simple formation en ligne. Quant aux frais, nous sommes en discussion pour obtenir des financements, nous pourrons bientôt en dire plus sur ce point”. Pour l’heure - et sans avoir encore lancer de campagne marketing - une quinzaine de candidatures ont été enregistrées, dont 80% sont féminines.

Julia Lemarchand

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