Partager
Green Economie

Vacances écolos, comment préparer son voyage éco-responsable

VACANCES ÉCOLOS (2/5) - Cette année c’est décidé, vous vous lancez dans l’éco-tourisme. Destination, transport, hébergement... Comment bien vous préparer.

réagir
Six-Fours-Les-Plages, France, le 27 mai 2021

Le tourisme représente 11% des émissions de gaz à effet de serre en France.

NICOLAS TUCAT / AFP

Si vous n’avez pas encore planifié vos vacances, il n’est peut-être pas trop tard pour s’essayer à l’éco-tourisme, cette pratique qui consiste à limiter au maximum l'empreinte carbone de ses voyages. Selon les chiffres de l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, le tourisme représente 11% des émissions de gaz à effet de serre en France, alors que le secteur représentait 7,4% du PIB en 2018. Des émissions en hausse constante avec l'explosion du nombre de touristes dans le monde: +130% en 20 ans. Sous l’effet des compagnies low-cost, nous voyageons plus loin et de plus en plus souvent. 

L’éco-tourisme permet pourtant de verdir ses vacances. Et le concept n’a rien de nouveau. Il y a douze ans, le Routard éditait déjà un guide du tourisme durable… finalement arrêté après quatre ans, faute de rentabilité. Il pourrait toutefois trouver un nouveau souffle après la pandémie de Covid-19. Le célèbre guide réfléchit à ressortir une version, maintenant que le marché semble mûr, explique son directeur Philippe Gloaguen: "Nous allons y aller, il y a une demande. Nous recevons 25.000 lettres et mails par an, parmi lesquels nous avons de plus en plus de lecteurs qui nous interrogent sur ces questions, en particulier les jeunes. Mais nous avons besoin d’une refonte. Le premier guide était mondial, là il faudrait un guide spécifique à la France."

Même constat du côté de Booking.com. Le fameux site de réservation d'hébergement a réalisé une enquête en 2019 sur les aspirations des Français en matière de tourisme responsable. Résultat: 55% des Français seraient enclins à mettre en place des actions plus respectueuses de l’environnement pendant leurs vacances, mais disent manquer de connaissances ou d’alternatives.

Lire aussiEthik Hotels facilite l’accès au tourisme durable pour tous

Elles existent pourtant, à condition de savoir où chercher. Pour les aficionados du papier, chaque guide du Routard comprend un chapitre dédié à l’éco-responsabilité. Les guides Tao, sont, eux, spécialistes du sujet. Autrement, il est possible de s'orienter vers les associations ATES (l'Association pour le tourisme équitable et solidaire) et ATR (Agir pour un tourisme responsable) qui regroupent des opérateurs de voyages responsables, ou vers les sites dédiés comme vaovert.fr, babel-voyages.com ou encore voyageons-autrement.com

Redécouvrir la France

Reste à se décider sur la destination. Alors que le transport est responsable de 77% des émissions de gaz à effet de serre liées au tourisme, pour réduire son empreinte, il est d’abord conseillé de partir moins loin. Et si l’envie d’ailleurs à l’autre bout de la planète est irrépressible, essayez de sortir des sentiers battus; 95% des touristes se répartissent aujourd’hui sur 5% des territoires à l’échelle mondiale, selon l’Organisation mondiale du tourisme. "La pression du tourisme sur l’environnement vient aussi du fait que tout le monde va au même endroit au même moment", observe Laetitia Santos, fondatrice de Babel-Voyages, média et agence spécialisé dans les voyages durables, qui conseille de se poser les bonnes questions avant de choisir sa destination: "que veut-on veut vivre", plutôt que "où veut-on aller".

Lire aussiTransports: comment voyager cet été avec le pass sanitaire

"On est souvent surpris quand on part en France, renchérit Audrey Rédac, instagrameuse et Youtubeuse, mère de famille et fervente éco-touriste. Une année, nous avons découvert Bitche (en Moselle, NDLR). Derrière ce nom assez farfelu, nous avons en fait découvert un territoire incroyable, avec une terre rouge qui lui donne des airs de Canada. Nous avons souvent une vision sublimée des destinations lointaines, mais il faut se laisser surprendre en donnant une chance à son territoire."

Si vous rêvez de Thaïlande, l’Ademe conseille ainsi de découvrir la cascade des Tufs dans le Jura. Si c’est plutôt l’Australie qui vous tente, allez visiter le lac Salagou dans l'Hérault, et pour les désirs de Turquie, pourquoi ne pas aller plutôt admirer le site des Orgues dans les Pyrénées Orientales? 

Privilégier le train

Autant de destinations qui pourraient vous permettre d’éviter l’avion, alors qu'un aller Paris/New-York pour une personne émet 1 tonne de CO2, l’équivalent de 1.961 repas végétariens.

Pour un kilomètre de trajet par une personne, l’avion consomme ainsi sept fois plus que le bus, quatorze fois plus que le train, et 40 fois plus que le TGV, toujours selon l’Ademe. “Le TGV permet de traverser la France avec beaucoup de confort, témoigne Audrey Rédac. L'Éco-tourisme permet de reprendre le temps. Quand on prend l’avion, il faut aller vite, on est presque stressés de partir en vacances.” Et à condition d’avoir un petit peu d'anticipation, partir avec des enfants n’est pas plus compliqué. “Les enfants aiment l’aventure, observe Audrey Rédac. Pour mon fils c’est merveilleux de manger dans le train. Nous sommes partis sur la Côte d’Azur depuis Lille cet été. Le train démarrait à 11h30, à 11h50 il nous demandait déjà si on pouvait manger. Il suffit de prévoir des jeux, des livres, et on se reconnecte, on prend le temps de jouer.”

Et pour un comparatif complet entre les modes de transports, la plateforme de Datagir, qui s'appuie sur les données en open-data de l’Ademe, peut vous aider à mieux faire votre choix.

Lire aussiAvec la crainte des restrictions sanitaires, les bonnes affaires des assurances annulation voyage

"Mais on n’empêchera jamais personne de partir loin, considère Philippe Gloaguen, directeur du guide du Routard. Si vous voulez voir le pont de San Francisco, vous ne le trouverez pas en banlieue parisienne. En revanche, nous allons vers la fin des voyages de deux jours à Rome ou Cracovie en avion, estime-t-il L’empreinte se dilue avec le temps de voyage." En résumé, si vous voulez partir loin, partez moins souvent et plus longtemps. Et si vous devez prendre l’avion, voyagez malin. Limitez au maximum le poids de vos bagages (comme une voiture, plus l’avion est chargé, plus il consomme), évitez les escales (le décollage est une source importante d’émissions), et si possible compensez. Si cela n’annulera pas vos émissions, mais vous financerez des organismes et/ou des projets de captation du carbone.

Camping écolo ou gîte indépendant

Après la destination et le mode de transport, reste à choisir votre hébergement. Or les acteurs dits "durables" se multiplient sur le marché. Le Routard conseille officieusement de se tourner vers les Logishotels (240 en France), "de petits hôtels gérés familialement, où la direction donne régulièrement des conseils sur l’isolation, les bilans carbone, le chauffage…”, indique Philippe Gloaguen, et les campings Huttopia (une cinquantaine en France). En dehors des tentes, les infrastructures et logements y sont construits majoritairement en bois et peuvent être démontés sans laisser aucune trace. De quoi leur permettre de s’installer sur des sites d’exception. En outre, de (nombreux) labels, peuvent vous orienter, au premier rang desquels les labels conseillés par l'Ademe: l’Ecolabel européen, La Clef Verte, Hôtels au Naturel, EcoGîtes, Gîte Panda ou Green Globe. 

De son côté, Audrey Rédac conseille surtout de s’orienter vers les gîtes et maisons d’hôtes indépendants: "Beaucoup de chambres d’hôtes proposent des repas maison, avec des produits locaux, des alternatives végétariennes, leurs propres ruches, ce sont des bâtisses restaurées bien isolées… Cela n’empêchent pas le confort, mais avec l’avantage du contact humain. Les propriétaires sont des passionnés de leurs territoires qui peuvent vous faire découvrir LE petit restaurant, ou LA petite crique inconnue." Cette Youtubeuse a répertorié ses adresses testées et approuvées sur une carte, et conseille d’explorer Instagram via les hashtags #ecotravels, #slowtourism, ou encore #slowtravel, pour dénicher les bons plans partagés y compris par des particuliers. 

Côté facture, il existe des options éco-responsable pour toutes les bourses, assurent les acteurs du secteur. Si le train peut coûter plus cher que l’avion, pour l’alimentation, il vous reviendra moins cher d’aller faire un pique-nique avec des produits locaux que de manger dans un restaurant. Quant à l’hébergement, tout est possible, promet Laetitia Santos (Babel-Voyages): "Le tourisme responsable peut l’être de plein de manière. En camping, il ne vous coûtera rien de plus qu’un emplacement de tente. Au-delà, à vous de constituer votre voyage, des maisons d’hôtes aux hôtels de luxe. Certains sont exemplaires d’un point de vue énergétique. Il y en a pour toutes les bourses." Et si une chambre d’hôtes peut coûter un peu plus cher qu’une chambre d’hôtel lambda, tout est relatif en fonction de "la valeur que l’on met derrière le prix, estime Audrey Rédac. C’est un moyen de valoriser l’humain, de favoriser l’économie locale, et de donner plus de sens à ce que l’on fait."

Retrouvez le troisième volet de notre série "Vacances écolos": Comment faire sa valise éco-responsable

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications