Mystérieux cétacés. Malgré des années d'études, des éléments pour comprendre pleinement ces incroyables mammifères nous échappent encore. Mais nous savons qu'ils s'organisent en groupes extrêmement complexes afin de survivre dans un environnement qui leur est toujours plus hostile. C'est à la découverte de ces sociétés secrètes que l'exposition "Baleinopolis" nous emmène, en partenariat avec Sciences et Avenir, jusqu'au 21 juin 2020 à l'Aquarium tropical du Palais de la porte dorée (Paris).
Quatre espèces emblématiques à l'honneur
Quels sont les modes de vie des cétacés ? Comment s'organisent-ils ? Des questions demeurent encore sans réponse. Pourtant les cachalots, les grands dauphins, les orques et les baleines à bosse ont levé le voile sur une part de leurs mystères. Ces quatre espèces emblématiques ont été mises au premier plan de l'exposition "Baleinopolis". Ces animaux sont omniprésents à la surface de notre planète, les océans recouvrant 70% du globe ! "Ils y vivent en société, selon des communautés qui leur permettent d'être plus efficaces par exemple lors de la chasse" commente Olivier Adam, spécialiste de bio-acoustique, commissaire de l'exposition et professeur à Sorbonne Université.
Un fanon de baleine (sorte de lame présente dans la bouche des cétacés à fanons ou mysticètes) présenté dans l'exposition Baleinopolis. Crédit : Anne-Sophie TASSART
Les interactions sociales qui nourrissent ces sociétés sont fortes, complexes et variables selon les espèces. Par exemple, les baleines à bosse ne se regroupent que ponctuellement. La mère a cependant une relation fusionnelle avec son petit qu'elle garde jalousement pendant des mois. Chez les orques, le groupe se plie à la volonté d'une femelle expérimentée, une matriarche. Ce sont toutes ces particularités que cherche à aborder l'exposition à l'aide de vidéos et d'écrans tactiles permettant notamment d'avoir la réponse de plusieurs experts du monde entier sur différentes questions données. "Je voulais que cette exposition possède un véritable angle scientifique, assure Olivier Adam. Toutes les informations proviennent donc d'articles scientifiques datant de ces douze dernières années".
La couverture des aires marines s'améliore protégées mais les espèces de cétacés restent fragiles
Dialectes régionaux, transmission du savoir, puissant chant de la baleine à bosse (il est possible d'en écouter à Baleinopolis) : les sociétés humaines et cétacés partagent de nombreux points communs. Cela devrait nous inciter à une bonne cohabitation... Malheureusement c'est tout le contraire : nos activités ne cessent de tourmenter ces animaux marins. Certes, la couverture des aires marines protégées s'améliore (moins de 1% en 2000 à plus de 6% en 2017) et l’apogée de la chasse baleinière est derrière nous (même si le Japon à contre-courant, a repris en juillet 2019 cette activité décriée). Mais on est contraint de constater que "la plupart des populations de cétacés peine à se restaurer", rappelle sur son site le WWF. L'exposition "Baleinopolis" leur rend donc l'hommage qu'ils méritent. Et tentant d'éveiller les consciences.
Le chant de la baleine à bosse aux confins de l'espace
"Peu d’animaux chantent : il y a nous, les oiseaux et les baleines", rappelle Olivier Adam. Les chants des baleines à bosse sont particulièrement envoûtants : ils sont à très basse fréquence et très lents. A la fin des années 1960, deux chercheurs, Roger Payne et Scott McVay les étudient attentivement grâce à des enregistrements de l'US Navy. En 1971, dans la revue Science, ils les appellent officiellement des "chants" qui ont ensuite été utilisés comme argument contre la chasse à la baleine. "Le disque vinyle Songs of the Humpback Whale joué à l’ONU a ensuite été envoyé dans l’espace par la NASA, explique Olivier Adam. Le chant des baleines est présent sur un disque embarqué dans les deux sondes Voyager destinées à être captées par des intelligences extra-terrestres". Une forme de consécration pour cette douce mais fragile mélodie.
Le disque vinyle Songs of the Humpback Whale exposé à Baleinopolis. Crédit : Anne-Sophie TASSART